Pierre Espérance alerte sur l’inaction de l’Inspection générale face aux dérives violentes de la Police haïtienne
www.realiteinfo.com – Votre source d’information en temps réel.

Pierre Espérance alerte sur l’inaction de l’Inspection générale face aux dérives violentes de la Police haïtienne
Par : La rédaction de Réalité Info
Port-au-Prince, 25 juin 2025.- Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction le mardi 24 juin 2025, le directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Pierre Espérance, a lancé une alerte grave et poignante sur l’état de déliquescence de l’institution policière haïtienne. Selon lui, l’Inspection générale de la Police nationale est pratiquement inopérante, et la situation actuelle traduit un profond dysfonctionnement menaçant non seulement les agents eux-mêmes, mais aussi la sécurité de la population.
Pierre Espérance ne mâche pas ses mots : « Ce que nous observons aujourd’hui, c’est une police sans contrôle, sans supervision réelle. L’Inspection générale, qui devrait encadrer, corriger, et sanctionner les fautes graves, brille par son silence. » Il évoque des cas multiples où des agents de police s’en prennent les uns aux autres dans des affrontements sanglants, des policiers blessés, voire tués sans qu’aucune enquête interne ne soit déclenchée, ni mesure disciplinaire prise.
Parmi les zones évoquées : Delmas 75, Debussy, Canapé-Vert… autant de quartiers où les policiers s’affrontent entre eux ou posent des actes illégaux, souvent en dehors de tout ordre de mission. « C’est comme s’il y avait une auto-abolition de la discipline », dénonce-t-il.
Une grande partie de ces dérives est attribuée à la dernière promotion de policiers intégrés dans les rangs. Selon Espérance, plusieurs éléments de cette cohorte manifestent des comportements inexplicables, violents et incontrôlés : « Je ne sais pas s’il s’agit d’un problème de formation ou de santé mentale, mais il est clair qu’on a là un vivier de trouble potentiellement explosif. »
Certains agents nouvellement formés, censés intégrer des unités administratives, sont réaffectés dans des brigades spécialisées sans préparation adéquate. Résultat : des bavures, des abus, et un climat de peur.
Pierre Espérance a également dénoncé un phénomène préoccupant : des conflits entre policiers eux-mêmes, souvent motivés par des rivalités sentimentales. « Aujourd’hui, on assiste à des affrontements entre agents à cause de femmes, ou encore à des comportements inappropriés qui n’ont rien à voir avec la mission d’un policier », déclare-t-il avec inquiétude.
Selon lui, ces tensions internes nuisent non seulement à la cohésion des unités, mais mettent aussi en danger la population : « Pendant que certains policiers se battent entre eux pour des histoires personnelles, c’est la sécurité publique qui en paie le prix. »
Outre la police, Pierre Espérance alerte aussi sur la menace que représente actuellement la remobilisation de l’armée haïtienne. Il cite le cas d’un soldat ayant volé le véhicule d’un journaliste à Carrefour : malgré son arrestation, il aurait été relâché sans suite. « Il n’y a aucun système de contrôle ou de reddition de comptes dans l’armée actuelle. C’est extrêmement dangereux. »
Selon lui, les recrutements se font sans enquête de moralité, sans encadrement, ni mission claire. Une armée incontrôlable, lourdement équipée, opérant en toute impunité.
Dans cette interview bouleversante, Pierre Espérance appelle les autorités à prendre leurs responsabilités : « Il faut restaurer l’autorité de l’Inspection générale, revoir la formation policière, et créer des mécanismes réels de contrôle. »
Il insiste sur le fait que l’absence de leadership, la complicité silencieuse des supérieurs hiérarchiques, et la culture de l’impunité ont transformé une partie de la police en « milice informelle », nuisible à la paix publique.
Ce cri d’alarme du RNDDH révèle une réalité effrayante : Haïti vit une dérive institutionnelle au sein même des corps censés protéger les citoyens. Si rien n’est fait, les conséquences pourraient être irréversibles. L’État est interpellé. Il est temps d’agir.
La rédaction.