Haïti : les élus locaux au cœur du débat sur la réforme constitutionnelle
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Port-au-Prince (Haïti). – La Fédération nationale des ASEC d’Haïti (FENNASEC) a organisé, ce jeudi 18 septembre 2025 à Pétion-Ville, un Forum national consacré à un thème central : « L’Avant-projet de la nouvelle Constitution et le renforcement des capacités des élus locaux, notamment dans les Sections Communales ».
L’événement, qui a réuni des ASEC venus des dix départements, des représentants institutionnels et des partenaires de la société civile, a permis d’ouvrir une réflexion stratégique sur l’avenir de la gouvernance locale et la participation citoyenne.
Invité d’honneur, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, Paul Antoine Bien-Aimé, a souligné l’importance de la mobilisation des élus face au projet constitutionnel en discussion.
« Nous avons constaté que, depuis l’annonce de la réforme constitutionnelle, les collectivités territoriales se sont fortement mobilisées. La nouvelle mouture de l’avant-projet, contrairement à la première, ne reconnaît plus la Section communale comme collectivité territoriale. Elle prévoit plutôt un redécoupage administratif qui mènera à la création de nouvelles communes. Cela signifie que les Sections communales, en tant qu’entités autonomes, ne subsisteront plus, mais laisseront place à des communes renforcées », a expliqué le ministre.
Pour M. Bien-Aimé, cette orientation reflète une volonté de rationaliser l’organisation du territoire, tout en garantissant à chaque citoyen un meilleur accès aux services publics. « La gouvernance locale doit rester une gestion de proximité. Les populations attendent la présence effective de leurs représentants, tant dans l’exécutif que dans les organes délibératifs et de contrôle », a-t-il insisté.
De son côté, Frantz Azarin, président des CASEC et ASEC de l’Ouest, a rappelé les difficultés structurelles auxquelles font face les Assemblées de Sections Communales. Il a notamment dénoncé les retards chroniques dans le versement des frais de fonctionnement, indispensables pour l’exercice de leurs missions.
« Depuis 2024, les ASEC n’ont plus régulièrement reçu les fonds prévus pour leurs sessions. Dans certains départements, il faut attendre trois mois, six mois, voire une année avant que les délégations ne libèrent les montants alloués », a-t-il regretté.
Pour M. Azarin, cette situation fragilise la crédibilité des institutions locales et affaiblit le lien de confiance avec les populations. Il appelle à une meilleure intégration des ASEC dans la réforme constitutionnelle, avec des outils pratiques, un accès aux financements, à l’information et à la formation. « Les élus locaux sont les seuls représentants présents au quotidien dans les sections communales. Ils doivent être en mesure de rapprocher la population des décisions publiques », a-t-il plaidé.
Au-delà des aspects techniques, le forum a mis en lumière un enjeu majeur : la place de l’État local dans le nouveau contrat social haïtien. Les discussions ont souligné la nécessité de renforcer la légitimité et la capacité opérationnelle des élus de proximité, dans un contexte marqué par de fortes attentes citoyennes en matière de services publics, de développement et de gouvernance démocratique.
La presse nationale et internationale, largement mobilisée, a couvert cet événement qui s’inscrit dans un moment charnière du débat constitutionnel en Haïti. La voix des collectivités territoriales, longtemps marginalisée, apparaît désormais comme un acteur incontournable de la refondation institutionnelle.
La rédaction.