Haïti – Élections en trompe-l’œil : Le pouvoir joue la comédie pendant que le pays s’effondre
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Haïti – Élections en trompe-l’œil : Le pouvoir joue la comédie pendant que le pays s’effondre
Les Cayes, 7 mai 2025 –
Sous le soleil écrasant du Sud, le Premier ministre s’est offert une tribune en grande pompe pour livrer ce que le gouvernement appelle un « discours historique ». Mais derrière les mots bien polis et les formules grandiloquentes, c’est une nouvelle opération de communication que beaucoup qualifient déjà de cynique et déconnectée des réalités du pays.
Comment peut-on sérieusement parler d’« élections libres et inclusives » alors que le territoire national est toujours en grande partie sous contrôle de groupes armés, que les institutions sont en ruine, et que la population vit sous la terreur, l’insécurité alimentaire et l’effondrement sanitaire ? À écouter ce communiqué lisse et soigneusement calibré, on croirait que la machine étatique fonctionne à plein régime. Pourtant, sur le terrain, c’est l’effondrement total.
Plus de 65 millions de dollars mobilisés pour des élections dont personne ne voit la faisabilité, alors que des centaines de milliers d’Haïtiens sont déplacés, privés d’eau potable, de soins, d’éducation et de sécurité. Le contraste est révoltant. À quoi bon organiser un scrutin si les citoyens ne peuvent pas s’y rendre sans risquer leur vie ? À quoi bon « soutenir les partis » quand le pluralisme politique est menacé par les balles ?
La fameuse « feuille de route » annoncée – sécurité, Constitution, élections – sonne comme un disque rayé que le pouvoir recycle depuis des années, sans résultats tangibles. Où sont les avancées concrètes ? Où sont les garanties de transparence ? Où est la volonté réelle d’inclure les voix de ceux qui refusent de cautionner une farce électorale téléguidée ?
Le Premier ministre de facto Alix Didier Fils Aimé appelle à une participation citoyenne, comme si le peuple n’était pas déjà assez mobilisé… contre la misère, contre la violence, contre l’indifférence du pouvoir. Il parle de souveraineté populaire, mais refuse d’écouter les revendications populaires. Il évoque la « légitimité institutionnelle » alors que le pays vit sans Parlement, sans justice crédible, sans contre-pouvoir.
Ce communiqué n’est pas un engagement, c’est une diversion. Une tentative de légitimer un gouvernement de transition qui peine à prouver qu’il agit pour le bien commun. Le peuple haïtien mérite mieux qu’un discours enjolivé et des promesses électorales creuses. Il mérite des actes forts, une sécurité réelle, une justice indépendante et une véritable rupture avec le système de recyclage politique qui gangrène la République.
À quand des élections pour changer le système, et non pour le reconduire ?
La rédaction.
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