Haïti abandonnée ? Un collectif accuse l’ONU de perpétuer la crise avec une mission inefficace à 350 millions de dollars
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Haïti abandonnée ? Un collectif accuse l’ONU de perpétuer la crise avec une mission inefficace à 350 millions de dollars
Port-au-Prince, 29 avril 2025 – Dans une lettre percutante adressée au Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, le collectif Sitwayen pou Respè Konstitisyon tire la sonnette d’alarme et dénonce une stratégie internationale qualifiée d’« inopérante, dispendieuse et destructrice » pour Haïti. Selon ce groupe de citoyens engagés, la mission multinationale actuellement déployée ne fait qu’aggraver la dépendance sécuritaire du pays sans freiner l’ascension fulgurante des gangs armés.
Dans son communiqué de presse, le collectif affirme avoir envoyé, le 11 avril dernier, une lettre officielle au chef de l’ONU, accompagnée de copies conformes à l’ensemble des membres permanents du Conseil de sécurité ainsi qu’à plusieurs ambassadeurs influents de l’ONU. Le message est clair : “L’approche actuelle de la communauté internationale a échoué. Elle entretient l’instabilité au lieu de la combattre.”
Selon les signataires, la situation sur le terrain est alarmante : “Près de 90 % de la capitale est aujourd’hui aux mains de groupes armés.” Des événements récents, tels que les massacres survenus à Saut d’Eau et Mirebalais, viennent illustrer cette descente aux enfers, malgré la présence de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS).
Le collectif s’en prend frontalement à cette force internationale, composée de 2 500 hommes et dotée d’un budget annuel faramineux estimé à 350 millions de dollars. “C’est une aberration !”, écrit Michel Legros, l’un des leaders du collectif. “Avec une fraction de ce montant, Haïti pourrait former une force nationale de 5 000 hommes, efficace, enracinée, et souveraine.”
La lettre, empreinte d’indignation mais aussi de propositions concrètes, exhorte l’ONU à changer radicalement de cap. Elle propose de confier aux Haïtiens eux-mêmes la responsabilité de leur sécurité, arguant que seule une solution nationale et souveraine peut restaurer la paix durablement. Le collectif appelle aussi à rompre le “silence complice” autour d’une intervention coûteuse, inefficace, et, selon ses membres, “souvent menée contre les intérêts véritables du peuple haïtien.”
En transmettant leur message aux représentants des États-Unis, de la Russie, de la Chine, de la France, du Royaume-Uni, mais aussi du Brésil, du Mexique, du Nigeria et de l’Algérie, les membres de Sitwayen pou Respè Konstitisyon cherchent à internationaliser le débat et à briser l’unanimisme diplomatique qui, selon eux, masque l’échec cuisant de la stratégie onusienne en Haïti.
“Haïti n’a pas besoin de sauveurs, elle a besoin de moyens pour se sauver elle-même.”
C’est en ces termes que conclut le communiqué signé par Mackenson Desardouin, co-porte-parole du collectif. Il appelle la communauté internationale à “soutenir les forces vives du pays, pas à imposer des solutions prémâchées depuis New York”.
Le message est lancé. Reste à savoir s’il sera entendu dans les couloirs feutrés de l’ONU, ou s’il se perdra, une fois de plus, dans le vacarme assourdissant de la crise haïtienne.
La rédaction.
