Haïti : l’ONU alerte sur un pays à genoux, pris en otage par la terreur des gangs
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Haïti : l’ONU alerte sur un pays à genoux, pris en otage par la terreur des gangs
Port-au-Prince, 9 mai 2025 — La situation en Haïti atteint un niveau de désespoir critique. Dans un rapport accablant, l’Organisation des Nations Unies tire la sonnette d’alarme sur l’ampleur de la crise humanitaire, aggravée par l’explosion des violences liées aux gangs. Plus d’un million de personnes ont déjà été déplacées, tandis que l’aide humanitaire est paralysée par l’insécurité croissante.
Christiana, veuve et mère de six enfants, incarne la tragédie haïtienne. Après l’assassinat de son mari, elle a fui sa ville natale pour Mirebalais. Sa fille, Leineda, six ans, souffrait de malnutrition et avait commencé un traitement. Mais l’espoir a été de courte durée : une nouvelle attaque l’a contrainte à fuir encore, cette fois vers Boucan-Carré. Le traitement de sa fille a été interrompu. « Parfois, nous souffrons de maladies silencieuses qui nous détruisent de l’intérieur », témoigne-t-elle.
Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, les gangs armés ont pris le contrôle de près de 85 % de la capitale Port-au-Prince. Désormais, leur emprise s’étend aux régions rurales, notamment dans le Centre et l’Artibonite. Fin mars, une attaque à Mirebalais a fait au moins 15 morts et permis l’évasion de plus de 500 détenus. Fin avril, la commune de Petite-Rivière a été le théâtre d’un massacre de civils.
Les organisations sur le terrain tirent la sonnette d’alarme. « Ce que nous constatons est inimaginable. Des familles fuient sans rien, des enfants sont traumatisés à vie », déplore Wanja Kaaria, directrice du Programme alimentaire mondial (PAM) en Haïti. Le manque de sécurité empêche les distributions régulières de nourriture, de médicaments et d’eau potable.
Dans certaines zones, les missions humanitaires sont purement et simplement suspendues. L’UNICEF a dû annuler des interventions cruciales, alors même que plus de 64 000 personnes ont été nouvellement déplacées dans les dernières semaines.
Le PAM estime ses besoins à 72,4 millions de dollars pour les douze prochains mois. L’UNICEF réclame 1,2 million de dollars pour les six prochains. Pourtant, les financements peinent à suivre, et les équipes font face à des choix impossibles.
« L’aide alimentaire redonne un minimum de dignité aux familles, mais nos moyens sont limités », explique Mme Kaaria.
Malgré cela, des efforts sont maintenus. L’UNICEF a déployé des cliniques mobiles, distribué de l’eau potable et assuré un soutien psychosocial à des milliers d’enfants. Le PAM continue à livrer des repas chauds dans les camps de déplacés.
Dans ce chaos, un frêle espoir subsiste. Leineda, la petite fille malnutrie, a enfin pu reprendre son traitement à Boucan-Carré. « Je suis heureuse aujourd’hui, car avant, nous n’avions pas de médecins. Leur présence nous redonne un sentiment de dignité », souffle sa mère, émue.
Mais pour combien de temps encore ?
L’ONU est formelle : si rien n’est fait maintenant, Haïti risque de s’effondrer définitivement.
Valescot Wilgins.
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