Complicité sous silence : quand des policiers haïtiens favoriseraient les gangs armés

Port-au-Prince, Haïti — Dans une interview exclusive accordée à RÉALITÉ INFO la semaine dernière, Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), a levé le voile sur une réalité alarmante qui jette une ombre inquiétante sur la Police Nationale d’Haïti (PNH). Selon ses déclarations, certains agents des forces de l’ordre, loin d’incarner la ligne de défense contre l’insécurité, agiraient en complicité avec les groupes armés qui terrorisent la population.

Monsieur Espérance affirme que lors d’attaques dans certains quartiers, des policiers à bord de véhicules blindés n’interviennent pas. Pire, ils “reculent délibérément”, laissant le champ libre aux bandits pour mener leurs assauts, piller, incendier et semer la terreur. Ce n’est pas tout. Le défenseur des droits humains va plus loin : il accuse certains policiers de recevoir une part des butins dérobés, en contrepartie de leur silence ou de leur retrait stratégique.

Ces accusations, si elles sont avérées, révèlent un niveau de corruption et de collusion d’une gravité sans précédent au sein de l’institution chargée d’assurer la sécurité publique. Elles exposent aussi l’étendue de l’effondrement de l’autorité de l’État dans plusieurs zones contrôlées de facto par des groupes criminels lourdement armés.

L’opinion publique, déjà ébranlée par l’inefficacité récurrente de la PNH à enrayer la montée du banditisme, assiste impuissante à une série de révélations qui alimentent la méfiance et la colère. Pour une population livrée à elle-même, cette complicité supposée entre policiers et criminels est un coup de grâce porté à la crédibilité de l’institution.

“Le peuple perd foi en ses protecteurs. Quand ceux qui devraient défendre les citoyens s’alignent avec ceux qui les massacrent, c’est toute une nation qui bascule dans le désespoir”, commente un sociologue interrogé par RÉALITÉ INFO.

Alors que les violences s’intensifient dans la capitale et dans plusieurs régions du pays, les propos de Pierre Espérance sonnent comme un signal d’alarme. Il appelle les autorités judiciaires et politiques à diligenter des enquêtes indépendantes et à prendre des mesures disciplinaires contre les policiers impliqués, s’il y a lieu.

Mais au-delà de l’indignation, c’est une réforme profonde et urgente de la Police Nationale qui s’impose. Sans volonté politique forte ni assainissement des rangs, Haïti risque de sombrer davantage dans une spirale de violence où l’impunité devient la norme et la justice, un lointain mirage.

La rédaction.

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