Tempête sur Jacmel : 14 697 Signatures pour libérer le Maire Marky Kessa, accusé dans l’affaire Jovenel Moïse
Un média d’excellence pour une information fiable, rapide et sans compromis.

Tempête sur Jacmel : 14 697 Signatures pour libérer le Maire Marky Kessa, accusé dans l’affaire Jovenel Moïse
Jacmel, Haïti – Une vague de mobilisation populaire et politique sans précédent agite la commune de Jacmel. Près de 15 000 citoyens, accompagnés de 2 991 cartes d’identité vérifiées, ont apposé leur signature sur une pétition exigeant la libération immédiate de Marky Kessa, maire incarcéré dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse. Cette pétition, désormais transmise à la Cour d’appel, alimente un débat brûlant entre justice et politique.
Ce vendredi 16 mai 2025, sur les ondes de la radio Méga, l’émission « Booster », animée par Romanes Samedi, a donné la parole à plusieurs figures politiques et civiles de Jacmel. Parmi elles, Lourdie César, mairesse adjointe, et Hector Noël, ancien candidat à la mairie et membre influent de la plateforme Konbit Nasyonal (KONA).
« Marky Kessa n’a jamais eu la chance de s’expliquer devant un juge. Il est venu de lui-même, prêt à coopérer, mais il a été directement mis sous les verrous », dénonce Lourdie César. Selon elle, aucune preuve tangible ne justifie son maintien en détention. Elle pointe du doigt ce qu’elle qualifie d’injustice flagrante contre une personnalité publique jouissant d’une adresse fixe et d’un ancrage profond dans sa communauté.
Plus inquiétant encore, les intervenants dénoncent une arrestation d’ordre politique. « Le juge Walter a ordonné son dépôt alors même qu’aucune accusation directe n’apparaît ni dans le rapport de la DCPJ, ni dans l’ordonnance judiciaire », explique César. Elle rappelle également que les noms des véritables suspects ne mentionnent Marky Kessa que de manière indirecte, notamment en lien avec des projets d’infrastructure publique ou de signature d’accords institutionnels.
Hector Noël, pourtant rival électoral de Kessa en 2016, s’est également joint à la mobilisation. « Je ne suis pas là pour blanchir Marky, je ne suis pas juge. Mais je suis là pour exiger la vérité. Parce qu’aujourd’hui, c’est lui. Demain, ça peut être n’importe qui », a-t-il déclaré.
Cette convergence d’anciens adversaires politiques autour d’une même cause donne une résonance nouvelle au mouvement. « Il ne s’agit pas d’un affrontement entre partis, mais d’un cri collectif pour la justice et la transparence », a-t-il poursuivi. Noël pointe du doigt l’attitude sélective de la justice dans ce dossier, rappelant que plusieurs figures proches de l’ancien président n’ont jamais été inquiétées, alors que Kessa, élu démocratiquement avec plus de 5 000 voix, est aujourd’hui incarcéré sans preuve concluante.
Autre source d’inquiétude : l’état de santé du maire emprisonné. Selon ses proches, Marky Kessa souffre de sinusite chronique et d’allergies sévères, nécessitant des soins médicaux réguliers. « Nous demandons sa libération provisoire, ne serait-ce que pour raisons humanitaires. Il n’est ni fugitif ni un danger pour la société », plaide César.
La pétition, officiellement lancée le 27 avril dernier, a rapidement rallié un soutien massif. « Le nombre de signatures dépasse même le score électoral de Kessa. Cela montre à quel point la population se sent concernée par cette injustice », affirme César. L’événement de clôture du 13 mai a été accompagné d’un comptage public sous supervision judiciaire, garantissant la transparence de l’initiative.
Le mouvement a également reçu le soutien massif de la plateforme KONA, dirigée par l’ex Sénateur Joseph Lambert, qui revendique plus de 40 000 membres actifs dans le Sud-Est. Un appui politique de taille qui conforte l’idée que l’arrestation de Kessa dépasse le strict cadre judiciaire.
Les regards sont désormais tournés vers la Cour d’appel, seule instance habilitée à décider du sort du maire emprisonné. Les intervenants de la radio ont unanimement appelé à une décision rapide, juste et indépendante, loin des calculs politiciens ou des pressions occultes. « Nous ne cherchons pas à affaiblir la justice, mais à la ramener à sa mission première : protéger les droits fondamentaux », conclut Hector Noël.
Jacmel retient son souffle. Le combat pour la vérité autour de Marky Kessa pourrait bien redéfinir le rapport entre justice, pouvoir et société civile en Haïti.
Nous vous remercions chaleureusement pour votre fidélité et pour le temps que vous avez consacré à la lecture de cet article. Votre soutien nous est très précieux.