Élection au sommet du REEH : les enseignants haïtiens choisissent un nouveau secrétariat
Un média d’excellence pour une information fiable et rapide.

Élection au sommet du REEH : les enseignants haïtiens choisissent un nouveau secrétariat
DELMAS, 11 juillet 2025.- Ce lundi, le Réseau des Enseignantes et Enseignants Haïtiens (REEH) a tenu une Assemblée générale d’une importance capitale à Delmas, avec pour objectif principal l’élection d’un nouveau secrétariat général appelé à diriger l’organisation. Plus de 80 participants, venus de plusieurs communes du pays, ont pris part à cette rencontre déterminante qui marque les 18 ans d’existence du REEH, né le 12 avril 2007.
Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction, Maître Masly Dorcely a rappelé le contexte de cette assemblée reportée à plusieurs reprises en raison de la situation sociopolitique du pays :
« L’activité d’aujourd’hui est l’Assemblée générale du Réseau. Nous avons 18 ans d’existence. Elle devait initialement se tenir en avril, mais à cause de la conjoncture, elle a été reportée. Grâce à Dieu, la majorité des membres sont ici aujourd’hui pour élire une nouvelle équipe dirigeante. »
Wilsone Badeau, secrétaire général sortant, a expliqué les nombreux obstacles rencontrés par le comité sortant dans l’organisation de cette réunion :
« Depuis février 2023, le mandat était arrivé à terme. Nous avions prévu une Assemblée en mars, puis en avril, mais l’insécurité nous a empêchés de la tenir. Aujourd’hui, nous sommes là pour élire une nouvelle direction pour l’organisation. Nous avons plus de 80 participants de Carrefour, Delmas, Pétion-Ville, Croix-des-Bouquets, entre autres. »
Tout en se félicitant de la tenue de l’événement, Badeau a saisi l’occasion pour critiquer l’attitude des autorités face aux revendications légitimes des enseignants :
« Le ministère est dirigé par un enseignant, mais il n’est pas en phase avec notre réalité. Les protocoles signés restent sans suite. Nous allons poursuivre la lutte. »
Le ton est devenu encore plus grave avec l’intervention de Me Jean Bonal Fatal, avocat et professeur, qui a livré une analyse percutante de la condition des enseignants en Haïti :
« Un enseignant qui forme des générations ne peut même pas s’offrir un repas dans un restaurant ou acheter un vêtement neuf. C’est une humiliation quotidienne. L’État haïtien ne valorise pas ses enseignants, alors qu’ils sont les piliers de la mobilité sociale. »
Il a poursuivi :
« Les enseignants sont contraints d’aller en grève pour espérer des avancées, et ce sont toujours les enfants des milieux défavorisés qui en paient le prix. Ceux qui dirigent le pays aujourd’hui sont des anciens élèves, mais ils se montrent hostiles à ceux qui les ont formés. »
Fatal a également exprimé son inquiétude face à la perte d’attractivité du métier :
« De plus en plus, les jeunes ne veulent plus enseigner. Même ceux en formation le font souvent pour viser des postes dans les ONG ou en politique. L’enseignement devient une passerelle, pas une vocation. »
« Un proverbe chinois dit : pour détruire un pays, il ne faut pas l’attaquer, il suffit d’éliminer son système éducatif. C’est ce qu’on fait aujourd’hui en Haïti. Il est temps de prendre le taureau par les cornes. »
Cette Assemblée générale du REEH ne s’est pas limitée à un simple renouvellement de direction. Elle a été un moment de réflexion, de dénonciation et de réengagement. Dans un contexte d’instabilité et de mépris croissant envers la profession enseignante, le REEH s’affirme plus que jamais comme une structure syndicale combative, déterminée à défendre les droits des éducateurs haïtiens et à valoriser leur rôle fondamental dans l’avenir du pays.
La rédaction.