Culture

Reconnaissance du compas : « Il faut cesser de confondre label privé et patrimoine national », avertit Pradel Henriquez

Reconnaissance du compas : « Il faut cesser de confondre label privé et patrimoine national », avertit Pradel Henriquez

Port-au-Prince, 11 décembre 2025.- Invité ce jeudi matin à l’émission Magik Matin sur Magik 9, l’ancien ministre de la Culture, Pradel Henriquez, a tenu à rétablir ce qu’il qualifie de « confusion persistante » autour de l’inscription du compas sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Selon lui, l’UNESCO n’a pas couronné le “compas direct”, mais une catégorie beaucoup plus large : le “compas d’Haïti”.

Pradel Henriquez explique que le compas direct, créé par Nemours Jean-Baptiste, est une appellation protégée par droit d’auteur aux États-Unis. En conséquence, cette expression ne pouvait être utilisée par l’État haïtien dans une requête officielle auprès d’un organisme international.

« Nous ne pouvions pas présenter à l’UNESCO un label privé comme s’il appartenait au domaine public », a martelé l’ancien ministre, justifiant ainsi la création d’une classification plus englobante destinée à représenter l’ensemble de la tradition musicale.

Pour contourner cet obstacle juridique, les cadres du ministère ont formulé une catégorie culturelle plus large et inclusive : le compas d’Haïti, un terme pensé pour intégrer les diverses branches et évolutions du genre musical. Cette appellation rassemble aussi bien le compas direct que les variantes apparues au fil des décennies dans les scènes populaires, urbaines ou diasporiques.

Henriquez affirme que cette requalification ne visait pas à effacer l’héritage de Nemours Jean-Baptiste, mais à permettre à Haïti de présenter une candidature légitime et représentative.

L’ex-ministre a rappelé que la démarche d’inscription ne s’est pas improvisée. Dès 2020, au cœur des restrictions sanitaires, le ministère avait lancé le Mois du compas, une initiative destinée à structurer le travail de patrimonialisation, rassembler les communautés musicales et créer une base nationale solide avant toute démarche internationale.

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Cette mobilisation s’appuyait sur deux repères annuels :

la Fête de la musique, le 21 juin ;

la Journée du compas, le 26 juillet.

Autour de ces dates, une série de consultations, d’ateliers thématiques et de manifestations artistiques avaient été orchestrées pour élaborer un dossier conforme aux exigences de l’UNESCO.

Selon Henriquez, la valorisation du compas s’est inscrite dans une ligne directrice plus vaste visant à faire reconnaître plusieurs symboles culturels haïtiens. À cette époque, les équipes du ministère travaillaient simultanément sur divers éléments comme la Soupe joumou, le rara, la kassav, le métal découpé, le carnaval de Jacmel et les clérins d’Haïti.

L’ancien ministre souligne que ces démarches nécessitent des mois d’échanges avec les organismes internationaux, notamment l’UNESCO et l’OIF, ainsi qu’un travail méticuleux réalisé par les spécialistes du ministère.

Henriquez a insisté sur la contribution essentielle des techniciens du ministère, rappelant que leur rôle est rarement mis en lumière. Il a évoqué des situations administratives complexes, dont un épisode marquant où le document de reconnaissance nationale de la Soupe joumou avait dû être récupéré et officialisé en dernière minute en décembre 2021 pour respecter les délais.

Pour l’ancien ministre, la reconnaissance du compas d’Haïti doit encourager l’État à renouveler son engagement en faveur de la création musicale. Il a rappelé que par le passé, des groupes majeurs avaient bénéficié d’appuis institutionnels pour participer à des festivals de grande envergure, citant notamment les exemples de Carimi et Passion de Montréal.

« Cette reconnaissance n’est pas une fin en soi. C’est une opportunité pour renforcer notre secteur culturel, nos artistes et nos institutions », a conclu Henriquez.

La rédaction.

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