« LAPÈ POU AYITI » : Le réveil citoyen qui veut reconstruire Haïti, loin des échecs du passé
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« LAPÈ POU AYITI » : Le réveil citoyen qui veut reconstruire Haïti, loin des échecs du passé
Lancé à Pétion-Ville, ce mouvement porté par des jeunes engagés promet une rupture radicale avec l’impasse politique actuelle et propose une transition fondée sur la paix, la justice et la souveraineté populaire.
Pétion-Ville, 17 juin 2025.- Dans une atmosphère empreinte de gravité et d’espoir, le « Mouvman LAPÈ POU AYITI » a été lancé officiellement ce mardi à Pétion-Ville, porté par une volonté ferme de rompre avec les échecs politiques du passé. Présenté comme une initiative novatrice, indépendante et profondément enracinée dans les aspirations populaires, ce mouvement se positionne comme une alternative citoyenne crédible face à la crise multidimensionnelle qui ravage le pays.
Dès l’ouverture de la cérémonie, Nélus Néruis, membre fondateur du mouvement, a livré une déclaration puissante, à la fois hommage et réquisitoire. Évoquant la mémoire de figures emblématiques comme Liliane Pierre-Paul, Mikaben ou encore Grégory Saint-Hilaire, Néruis a situé le combat actuel dans la continuité des sacrifices passés : « C’est dans le souvenir de leurs luttes que nous puisons la force de parler aujourd’hui au peuple haïtien. »
Dénonçant une histoire marquée par les espoirs brisés de Daniel Fignolé en 1957 aux transitions avortées post-Duvalier, en passant par les manipulations des pouvoirs récents, l’homme politique a dressé un tableau sombre mais lucide de l’état de la nation. Selon lui, « plus de 200 ans de lutte sans direction, sabotés par les élites égoïstes et des influences étrangères », ont conduit le pays au bord de l’effondrement total.
Il a accusé la classe politique traditionnelle d’avoir trahi les idéaux de la nation : « Le pays n’a plus d’État, plus de justice, plus de sécurité. Les gangs font la loi. Et pendant ce temps, ceux qui ont signé tous les accords politiques récents n’ont rien produit, sinon l’aggravation du chaos. »
Dans une prise de parole remarquée, Franceline Léoné, autre membre influente du mouvement, a défini avec précision la mission de LAPÈ POU AYITI. Présenté comme un collectif de jeunes conscients, engagés, issus de divers horizons, le mouvement entend redonner la parole et le pouvoir au peuple.
« Ce n’est pas un mouvement de pouvoir ni de revanche, a-t-elle précisé. C’est un mouvement de reconstruction, de responsabilité et de solidarité. » Léoné a présenté un plan d’action centré sur la sécurité, la relance économique, et le rétablissement des institutions publiques, tout en appelant à un dialogue national inclusif à l’exception de ceux qui ont plongé le pays dans la violence et la misère.
Elle a également dénoncé l’échec des initiatives politiques comme l’accord du 3 avril 2024, soulignant l’absence totale de résultats tangibles : « Le peuple ne veut plus d’accords stériles sur du papier, il veut un mouvement réel, connecté à ses douleurs, à ses besoins et à son histoire. »
Le mouvement entend se distinguer radicalement de la classe politique traditionnelle. Il s’oppose à la logique des compromis opaques, des quotas de pouvoir et des alliances d’intérêt. Au contraire, il propose une démarche transparente, basée sur le dialogue sincère, le patriotisme actif, et l’implication citoyenne massive.
Dans une vision à long terme, les membres de LAPÈ POU AYITI appellent à :
Un plan de sécurité national participatif et contextualisé ;
La relance immédiate de la production locale et l’accès à l’alimentation pour tous ;
Le retour des personnes déplacées internes, avec dignité ;
Une transition responsable vers des élections libres, crédibles et inclusives ;
Ils saluent également des initiatives internationales récentes, notamment la reconnaissance par la France de sa dette historique envers Haïti, et réclament la restitution effective de cette dette, comme acte de justice réparatrice.
LAPÈ POU AYITI ne se contente pas de dénoncer : il propose une sortie concrète de la crise, en s’appuyant sur la force morale du peuple haïtien. « Il est temps que le peuple se lève, qu’il reprenne sa dignité, qu’il devienne l’acteur principal de sa propre histoire, » ont martelé les fondateurs du mouvement.
Avec cette initiative, c’est toute une jeunesse lucide, instruite et déterminée qui frappe à la porte de l’histoire. Leur mot d’ordre : responsabilité, justice, unité. Leur ambition : reconstruire la nation, à partir du bas, pour et par le peuple.
À l’heure où Haïti cherche désespérément une issue à la spirale infernale dans laquelle elle est enfermée, LAPÈ POU AYITI apparaît comme une bouffée d’air neuf, un cri d’alarme transformé en acte de résistance civique. Reste à savoir si ce mouvement saura canaliser l’espoir et se doter des moyens concrets pour réaliser ce qui serait, sans aucun doute, l’un des plus grands sursauts de conscience collective de l’histoire contemporaine d’Haïti.
La rédaction.
