SEAPN, le syndicat le mieux organisé en Haïti
RETI/APN: SEAPN, le syndicat le mieux organisé en Haïti
Interférence politique, révocation massive, rejet des revendications des employés, sécurité des employés, sont entre autres les éléments déclencheurs qui ont motivé des anciens employés de l’Autorité Portuaire Nationale (APN) en signe de riposte, a donné naissance au syndicat le plus structuré en Haïti.
Fondé le 15 février 1995, le Syndicat des employés de l’Autorité Portuaire Nationale (SEAPN) est le résultat d’un passé mitigé, parsemé d’embûches et de contradictions administratives. Cette corporation d’hommes de conviction , de femmes dévouées et courageuses peut vivement assimiler son combat à n’importe quelle lutte digne dans le monde, qui a propulsé le secteur syndical et travailliste mondial au sommet des négociations. Ce sentiment de refus et de protestation ouvrière a toujours été dans le temps banalisé. Tout au début des luttes visant à trouver le droit d’être syndiqué, il était question de parler du trouble quasi quotidien dans les institutions dans le monde de cette classe marginalisée que représente la classe ouvrière. Récap sur l’histoire du droit à l’association.
Naissance au droit d’association (syndicat)
Le libéralisme économique est la doctrine dominante tout au début de l’industrialisation capitaliste. Le « laissez-faire, laissez-passer ». Cette formule à sens unique qui déstabilise les salariés se lie à l’interdiction des organisations de défense des salariés de voir le jour. La loi « Le Chapelier (1791) » en France, les Combination Acts (1799 et 1800) en Grande-Bretagne, s’inscrivent dans la perspective d’une suppression des regroupements ou corps intermédiaires entre l’Etat et l’individu.
Bref, il aura fallu de nombreuses luttes des ouvriers, booster par des courants de pensée socialiste et surtout social-démocrate, pour qu’en 1884, les ouvriers britanniques reçoivent pour la première fois dans le monde le droit d’association, le droit au syndicat.
La révolte ouvrière; la lutte pour imposer une reconnaissance légale; les efforts pour trouver des formes d’organisation originales; ont toujours été les trois caractéristiques ou revendications qui marquaient le mouvement syndical.
Début et Passé compromettants du SEAPN
Dès la formation du SEAPN en 1995, la stigmatisation administrative était au rendez-vous. Une tension intense avait vu le jour à l’Autorité Portuaire Nationale (APN) entre les directeurs et les employés. Ces derniers jugeaient être abusés face aux nombreuses heures passées à leur poste de travail sans être bien rémunérés. Par ailleurs, le licenciement démesuré face aux différentes chapelles politiques et le problème de la corruption ont surtout été les principaux éléments qui caractérisaient les troubles quotidiens. Ce n’est qu’en 2004, après le départ de l’ex-président Jean Bertrand Aristide, grâce à ce qu’on pourrait appeler une détente politique, que l’institution allait faire face à un environnement plutôt calme. Le syndicat, un peu essoufflé dans ses luttes, allait dégager une synergie entre la Direction Générale d’alors et les employés.
À partir de 2007, une deuxième période d’avalanche d’instabilité interne allait surgir en plein milieu d’une crise institutionnelle et / ou budgétaire au niveau de l’État, où la menace de privatiser l’institution était au milieu des négociations entre l’État et le secteur privé. Durant des mois, le syndicat a fait passer ses revendications et combattu les baobabs tant publics que privés de l’époque qui voulaient s’approprier de l’APN.
Mais finalement, une négociation s’est entreprise grâce à la médiation d’une commission mixte entre le syndicat et la Direction Générale , et a permis un dégraissage interne douloureusement supporté par le syndicat et des familles à travers tout le pays. 1300 employés ont volontairement démissionné avec en main une prime d’incitation sociale. Et tous, ont été très satisfaits. Depuis, le syndicat suivant sa nouvelle orientation veille à ce qu’aucun employé de l’institution ne soit licencié de façon arbitraire de la boîte. Et le syndicat s’est clairement donné pour mission de veiller à ce que la boîte soit régularisée suivant le nombre de personnels. Pas d’exagération sur l’effectif du personnel.
Les acquis du syndicat
En plus du combat mené par ce regroupement de professionnels et d’acteurs sur la sécurité des emplois dans l’institution, le syndicat prône aussi l’ouverture des postes au sein de l’institution pour les jeunes universitaires et professionnels. Un plaidoyer qui détermine un processus méritoire : de simple stagiaire à contractuel et pour ensuite devenir employés. D’après deux des responsables du syndicat, aucun employé ne peut rester dans la boîte après avoir bouclé son âge de départ à la retraite. Faire carrière à l’APN est obligatoire, mais rester pour la vie est impossible.
Dans toutes les annexes de l’Autorité Portuaire Nationale (APN) à travers tout le pays , le syndicat dispose d’un délégué-représentant, ayant pour mission de veiller à la bonne marche des actions menées par les responsables de ses annexes. Mais les dirigeants du SEAPN, sont mandatés pour une durée de 4 ans et ce mandat est renouvelable à partir des élections menées de manière démocratique.
Le syndicat le plus moderne du pays ne cache pas non plus son intention de former ses membres au point de vue professionnel. Le Président du syndicat, M. Saintilus Wilfrid, qui a personnellement pris cinq mandats consécutifs, et Fedna Gilbert, secrétaire général des conflits, ont déjà suivi des formations respectivement au Panama, en République dominicaine, au Brésil et au Mexique.
Le prochain combat du syndicat
Après l’accession du nouveau Directeur Général, Ken Lacoste, à la tête de l’institution, l’une des préoccupations du syndicat s’est vite réalisée dans la mise sur pied d’une cafétéria pour les employés. Dorénavant un employé ne dispose que de 100 gourdes pour manger.
Notons également, la construction des nouveaux bâtiments des services de pompier ainsi que ceux qui ont été détruits suite au passage du tremblement de terre de janvier 2010. Toutefois, la nomination de tous les contractuels ainsi que l’augmentation salariale allégeraient-elles les problèmes sociaux de base des employés ? Permettraient-elles aux employés de travailler dans un environnement plus adapté aux normes internationales ?
Il faut dire que le nouveau Directeur général, Ken Lacoste, avait déjà inscrit dans son agenda un ensemble de projets de grandes envergures. M. Lacoste, dans un discours prononcé lors de la cérémonie d’ouverture de la cafétéria, s’est clairement prononcé sur ces chantiers.
Espérons que le syndicat et la Direction Générale restent en étroite harmonie comme c’est le cas depuis que M. Lacoste dirige cette prestigieuse institution.
Fenley Cius