Racket et corruption à l’immigration : des millions de gourdes détournés chaque semaine ?

Racket et corruption à l’immigration : des millions de gourdes détournés chaque semaine ?

Le Réseau haïtien des journalistes anti-corruption (RHAJAC) tire la sonnette d’alarme sur un vaste scandale financier au sein de la Direction de l’Immigration et de l’Émigration. Dans une récente note de presse signé par son coordonnateur Jovany Michel dont notre rédaction a eu copie, l’organisation accuse le directeur général de cette institution, Jean Antoine Simon Fénelon, de pratiques frauduleuses compromettant la transparence des finances publiques.

D’après plusieurs coordonnateurs d’annexes du bureau de l’Immigration, M. Fénelon exigerait que les frais de passeports – représentant plusieurs millions de gourdes chaque semaine – lui soient remis en espèces chaque lundi, au lieu d’être déposés sur le compte bancaire de l’institution. Ceux qui refuseraient de s’exécuter feraient l’objet de menaces.

Si ces allégations sont fondées, elles révèlent une faille monumentale dans la gestion des fonds publics. En contournant les circuits bancaires officiels, le directeur général exercerait un contrôle total sur ces sommes, dont l’utilisation demeure opaque.

Le RHAJAC va plus loin en dénonçant l’usage de tactiques d’intimidation contre les journalistes et les employés qui osent demander des comptes. Certains auraient reçu des menaces de mutation s’ils ne se conformaient pas aux directives du directeur.

Pire encore, une agence de voyage nommée « Ave Maria », qui appartiendrait à M. Fénelon, serait impliquée dans des pratiques douteuses. Selon plusieurs témoignages, l’impression des passeports des citoyens serait volontairement retardée lorsque ces derniers ne passent pas par cette agence, alimentant ainsi les soupçons de conflit d’intérêts et de corruption systémique.

Face à la gravité des accusations, le Réseau haïtien des journalistes anti-corruption exhorte les autorités compétentes à agir rapidement. Il appelle l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), l’Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF) et la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) à ouvrir une enquête approfondie et à auditer la gestion du directeur général.

Si ces allégations se confirment, elles mettraient en lumière un détournement de fonds organisé aux conséquences désastreuses pour l’État haïtien et ses citoyens. Il est impératif que toute la lumière soit faite sur cette affaire et que les responsables soient traduits en justice.

L’affaire Fénelon marquera-t-elle un tournant dans la lutte contre la corruption en Haïti ? Les prochains jours seront déterminants.

La rédaction.

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