Bataille de Vertières : le Premier ministre de facto Alix Didier Fils Aimé critique un système dont il est pourtant issu
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Bataille de Vertières : le Premier ministre de facto Alix Didier Fils Aimé critique un système dont il est pourtant issu
Port-au-Prince, 18 novembre 2025.- La publication du Premier ministre Alix Didier Fils Aimé sur son compte X, ce mardi 18 novembre, a suscité de nombreuses réactions en raison de la portée symbolique de son message et de la contradiction perçue dans son propos. Dans un texte à tonalité militante, le chef du gouvernement présente la lutte contre les gangs comme un combat « contre le système » et « contre l’injustice sociale », en se réclamant d’une tradition de résistance incarnée par Jean-Jacques Dessalines et Charlotin Marcadieu.

Cette prise de position, bien que chargée de références historiques fortes, est interprétée par plusieurs observateurs comme un discours destiné avant tout à la consommation publique. En dénonçant un « système » qu’il juge oppressif, le Premier ministre adopte une posture de rupture, alors même qu’il occupe l’une des plus hautes fonctions de l’État — une fonction qui découle précisément de ce système institutionnel qu’il critique.
De nombreux analystes soulignent cet apparent paradoxe : en tant que dirigeant, Alix Didier Fils Aimé est non seulement intégré au fonctionnement de l’État, mais également responsable de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques publiques. Pour certains spécialistes de la communication politique, ce contraste entre le discours et la position réelle du Premier ministre traduit une stratégie visant à renforcer sa légitimité populaire dans un contexte de crise sécuritaire aiguë.
La population, confrontée à une violence croissante et à une insécurité persistante, attend surtout des clarifications sur les mesures opérationnelles, les ressources mobilisées et les mécanismes institutionnels mis en place pour restaurer l’ordre public. En ce sens, plusieurs voix appellent le gouvernement à privilégier des actions concrètes plutôt qu’une rhétorique symbolique axée sur la résistance ou le sacrifice.
Pour les acteurs institutionnels et économiques, l’enjeu principal demeure la capacité de l’État à produire des résultats tangibles : neutralisation des groupes armés, stabilisation des zones sensibles, renforcement de la Police nationale d’Haïti et coordination efficace entre les différentes instances. Dans cette perspective, les déclarations publiques du Premier ministre, bien que porteuses d’un message idéologique, soulèvent des interrogations quant à leur cohérence avec les responsabilités qui lui incombent.
La publication du 18 novembre apparaît ainsi comme un exercice de communication politique plus que comme une feuille de route précise. Elle reflète les convictions personnelles du chef du gouvernement, tout en laissant ouvertes de nombreuses questions sur la stratégie réelle de l’exécutif face aux défis sécuritaires et institutionnels du pays.
Dans un climat d’attentes élevées et de fragilité institutionnelle, la population s’interroge sur la manière dont cette vision déclarative se traduira en actions concrètes, mesurables et transparentes sur le terrain. Le besoin d’une gouvernance claire, cohérente et efficace demeure la priorité absolue.
La rédaction.


