Haïti : Le Collectif des Femmes Engagées pour Haïti dénonce l’échec du Consensus et réclame un nouveau départ
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Haïti : Le Collectif des Femmes Engagées pour Haïti dénonce l’échec du Consensus et réclame un nouveau départ
Par Valescot Wilgins
Delmas, 6 juin 2025 – Sous les feux des projecteurs, le Collectif des Femmes Engagées pour Haïti a organisé, ce vendredi matin, une conférence de presse à Delmas. Une initiative décisive qui marque un tournant majeur pour ce collectif, jusqu’ici engagé essentiellement sur le terrain social, et qui, désormais, endosse ouvertement une position politique.
Dans une salle comble, les journalistes, attentifs, ont recueilli les mots forts de Marjorie Michel, dirigeante emblématique de l’organisation. D’emblée, elle a rappelé la mission première du collectif : « accompagner les femmes et les soutenir dans leurs activités, notamment celles victimes d’injustice et de violence ». Mais elle a aussi reconnu que « l’absence de position politique » avait freiné l’accès aux ressources indispensables pour amplifier cette mission.
« La situation est difficile, nous le savons tous », a-t-elle insisté, évoquant la dure réalité quotidienne des 503 membres de l’organisation, dont certaines vivent dans la peur de perdre leur maison, leur commerce, et même leurs biens les plus élémentaires.
Depuis 14 mois et 3 jours, le Collectif des Femmes Engagées a pourtant tenté de participer à la relance démocratique d’Haïti, en signant l’Accord du 21 décembre aux côtés de huit autres partis politiques dans la région Ouest. Objectif : créer les conditions d’un retour à la stabilité et organiser des élections après neuf longues années sans renouvellement du personnel politique.
Mais la désillusion est à la hauteur des espoirs suscités. « Nous avons été trahies dès le départ », ont martelé les intervenantes, pointant du doigt un conseiller présidentiel jugé « défaillant » et des décisions politiques qui ont scellé l’échec du Consensus avant même qu’il ne puisse produire ses effets. « La première décision du Consensus a été de violer l’accord en refusant volontairement de le publier au journal officiel Le Moniteur », ont-elles dénoncé.
La conférence de presse a surtout mis en lumière l’impact de la crise sécuritaire et humanitaire sur les femmes. « L’Ouest, l’Artibonite, le Plateau Central… il n’y a plus de refuge nulle part », a déploré Marjorie Michel. Elle a dressé un tableau alarmant d’un pays miné par la violence armée et la misère, où les femmes paient un lourd tribut.
Les Femmes Engagées ont également profité de cette tribune pour lancer un vibrant appel à la solidarité envers Matiado Vilme, une consœur journaliste gravement malade, symbole de l’abandon des plus vulnérables dans ce pays à la dérive.
En adoptant pour la première fois une posture politique assumée, le Collectif des Femmes Engagées pour Haïti entend désormais « frapper à toutes les portes » pour susciter un dialogue national. « Nous continuerons à parler à tout le monde pour trouver une solution », a martelé la dirigeante.
À l’heure où la crise s’enlise et où la population haitienne peine à croire en un avenir meilleur, cette conférence de presse marque un tournant : celui d’une société civile qui refuse désormais de rester spectatrice et qui se prépare à devenir un acteur politique à part entière.
Les Femmes Engagées pour Haïti, unies et déterminées, appellent à un sursaut collectif. Elles refusent de subir davantage et entendent bien peser dans la balance du destin d’Haïti.
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