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Langage de vérité et de volonté pour une prise de conscience citoyenne

Langage de vérité et de volonté pour une prise de conscience citoyenne

Haïti/Langage de vérité et de volonté pour une prise de conscience citoyenne

Haïti a conquis son indépendance au prix du sang. Et, les historiens disent qu’elle devient à partir de 1804 la terre de liberté, d’égalité et de fraternité. Depuis lors, nous formons la grande famille haïtienne. Notre histoire est marquée par des luttes intestines. Nous vivons sans cesse une lutte permanente.

RÉALITÉ INFO (RETI)

Ainsi, après la chute des Duvalier nous sommes parvenus à mettre sur pied la constitution de 1987 pour combattre les inégalités sociales et économiques. Cette constitution devrait être profitable aux plus défavorisés et aurait dû faire respecter l’égalité des chances et porter tous et toutes à avoir des positions ouvertes. Aujourd’hui, nous sommes en train de vivre les pires moments de notre histoire de peuple. Il est quasiment impossible de parler en 2022 en Haïti de justice sociale, de l’égalité des chances, de liberté, d’égalité et de fraternité.
Langage de vérité et de volonté pour une prise de conscience citoyenne

La constitution haïtienne de 1987 en ses articles 19, 24 et 28 garantit non seulement le droit à la vie, à la santé et au respect de la personne humaine mais aussi le droit à la liberté individuelle et la liberté des opinions de tout haïtien en toute matière par la voie qu’il choisit.

De plus, Haïti a pris des engagements sur le plan international en ce qui attrait aux droits humains à travers la ratification d’un ensemble d’instruments juridiques et déclaratoires. Certains de ces dispositifs internationaux soutiennent la liberté individuelle. Ainsi, les dispositions des conventions internationales relatives aux droits humains qui confient des droits aux individus font partie de l’arsenal juridique du pays (Haïti) et sont directement applicables dans l’ordre juridique interne suivant l’article 276-2 de la constitution (Saint-Villier, 2016).

Rousseau dans le texte de la règle de la majorité déclare que tout homme étant né libre et maitre de lui-même, nul ne peut, sous quelque prétexte que ce puisse être, l’assujettir sans son aveu. On vit aujourd’hui dans un pays gangstérisé ou des groupes de gang lourdement armés s’érigent en donneurs d’ordre et de leçon, kidnappent, violent, rançonnent pillent et dépouillent la majorité de la population de leurs biens.

Comment peut-on assister à ces genres de chose dans un pays, dit démocratique ? Où est la volonté générale de l’Etat ?
Dans un Etat de droit c’est la volonté générale qui prime parce qu’elle résulte de la somme des avis de chacun. Elle est toujours droite, les citoyens doivent consentir à obéir à toutes les lois, même à celles qu’on passe malgré eux et même à celles qui les punissent quand ils osent en violer. Personne ne peut être forcée de se conformer à des volontés d’un groupe qui ne sont ni les siennes ni celles de l’Etat (Clement, janvier 2019).
Langage de vérité et de volonté pour une prise de conscience citoyenne

C’est ce qu’on est en train de vivre dans ce pays actuellement, l’espace haïtien qui devrait être une perle devient un enfer pour ses filles et ses fils. Or, l’article 259 de la constitution amendée de 1987 stipule que l’Etat protège la famille, base fondamentale de la société.

La loi au sens juridique, est une règle qui pose la norme du droit et qui s’impose à tous. Nul, n’est censé ignorer la loi. Une des toutes premières fonctions de la loi est, en réalité, d’établir la paix civile et de briser la spirale de la vengeance selon la loi du talion.

Le premier principe de justice est celui de l’égalité des droits, entendus comme libertés. Les libertés de base sont la liberté de pensée et de conscience, la liberté politique, la liberté d’association (Goubeau, 1944).
Nous parvenons à un moment crucial et historique où les valeurs républicaines ne cessent de s’effondrer. Les urgences sont là parce que l’insécurité, la corruption, l’injustice et la misère n’ont cessé d’augmenter. Nous sommes arrivés à une frontière à ne pas franchir.

Passons en revue ce que nous avons su de l’insécurité
Le 12 mars 2021, lors d’une opération des policiers de plusieurs unités spécialisées de la police nationale menée à Village de Dieu pour tenter de déloger les groupes de gangs armés dirigés par Izo cinq (5) secondes, s’est déroulé un drame dans le camp de la police nationale. Ainsi, cinq policiers ont été tués par les bandes de Izo, une dizaine d’autres blessés, un véhicule blindé de la police incendié et un autre confisqué par les bandits.

Depuis lors, on ne fait que constater une multiplication des groupes de bandes armées qui ont tout le contrôle du territoire. Ces bandits opèrent en toute quiétude sous le regard impuissant des autorités policières et judiciaires. Ils rentrent dans plusieurs commissariats (martissant, cite soleil, portail st Joseph etc…) pillent et tuent des policiers.
Le kidnapping et l’assassinat deviennent quelque chose de normale dans le pays.

Chaque haïtien peut s’attendre, à un moment de sa vie, à être victime soit d’un kidnapping ou d’un assassinat. Les gens subissant le kidnapping sont dépourvus de tout en un mot ils sont appauvris
Citons certains cas :
Le 4 mars 2021, on constate l’assassinat du docteur Ernt Paddy âgé de 63 ans lors d’une tentative de kidnapping.

Le 7 juillet 2021, on assiste à un évènement national qu’est l’assassinat crapuleux du 58eme président de la République en l’occurrence Monsieur Jovenel Moise. Le jeudi 3 mars 2021, tout le centre-ville était en branle par les nouvelles de l’enlèvement du PDG de Radio Caraïbes, Patrick Moussignac.
Langage de vérité et de volonté pour une prise de conscience citoyenne

Deux médecins, Pierre Boncy et Michel D’Alexis ont été kidnappés dans leur clinique à la ruelle Berne par des hommes armés habillés en uniforme de la police nationale. L’épouse du cinéaste Arnold Antonin a été enlevée en sa résidence le 7 juin 2022 à Thomassin 29. Le mardi 8 juin 2022, 4 employés de l’Administration Générale des Douanes ont été enlevés à la rue des casernes entre autres.

Apres avoir constaté des actes de vandalisme et de cambriolages en cascade au palais de justice et au Parquet de Port-au-Prince le vendredi 10 juin ; ce bâtiment qui symbolise la justice et l’état de droit était le théâtre des bandes armés dirigées par Izo 5 secondes. Il se transforme en un repaire de bandits, un espace de séquestration et d’orgies.
Le jeudi 16 juin, les locaux de l’Autorité Portuaire Nationale (APN) ont été attaqués par des bandits armés. Cette attaque a fait au moins 3 victimes dont un mort et deux blessés par balles.

Durant la nuit du dimanche 19 juin 2022 et pendant la matinée du lundi 20 juin 2022 des bandits armés faisant partie de gangs dirigés par le nommé Innocent Vithelome ont incendié plusieurs voitures et paralysé toutes les activités dans les quartiers de Torcel, Pernier et une partie de la commune de Tabarre.

Selon un décompte partiel du Mouvement Unifié des Transporteurs Haïtiens une vingtaine de chauffeurs de Transport en commun et une centaine d’usagers du national numéro 2 ont été tués au niveau de martissant. Sans compter l’assassinat de Jacques Faubert Etienne, cadre de la BRH et le Petit Séminaire Collège Saint Martial qui a été aussi l’objet d’attaque de bandits armés (journql de ‘h de kiskeyq ).
Enfin, les bandits sont sans limite dans leurs exactions. Ils détournent des autobus, kidnappent, séquestrent et tuent des personnes.

Ils pillent également des entreprises, spolièrent et détournent des camions etc ……Cette situation est le résultat de la mauvaise gouvernance. Ce phénomène entraine la dégradation des conditions de vies de la population, particulièrement sur le plan social, économique et environnemental ce qui occasionne de lourdes conséquences sur l’état de déroulement du pays.
Conséquences.

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Selon la commission nationale Justice et paix de l’archidiocèse de Port-au-Prince il y a 450 morts d’actes de violence qui sont enregistrés dans la région métropolitaine pour la période allant de janvier à la première moitié du mois de mai.
Les prix des transports dans les différents circuits du pays sont doublés par les chauffeurs, spécialement ceux du Grand-Sud afin q u’ils puissent payer des droits de passages aux bandits armés.

Suivant les résultats d’une enquête réalisée par le ministre de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle en partenariat avec l’UNICEF plus de 50 à 60 mille écolières et écoliers ne peuvent pas se rendre à l’école dans la région métropolitaine de Port-au-Prince à cause de la violence des gangs armés.
Selon un rapport du Réseau National de Défense des Droits Humains 44 policiers au moins ont été tués par des bandits armés de juin 2021 au 6 juin 2022 et 225 cas de kidnapping ont été recensés au premier trimestre 2022 par la cellule d’Observation de la Criminalité (COC) du centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (journal de 17 h, 2022).

D’après le ministre à la condition féminine et aux Droits des Femmes 80% des femmes et des filles ont été victimes d’une forme de violence quelconque. Elles sont victimes de préjugés et de stéréotypes, de discriminations, de viols, de harcèlements, de violences psychologiques, sexuelles et économiques. Elles sont en proie à des luttes hégémoniques entre gangs armés dans les quartiers populaires de novembre 2018 à juin 2022.

Ce qui est pire, beaucoup d’entreprises ferment leurs portes donc pas mal de pères et mères de famille sont au chômage à cause de l’insécurité. Les chefs d’entreprise sont à la merci des bandits armés. C’est la peur qui s’installe partout dans le pays particulièrement, dans la région métropolitaine.

Elle se lit sur le visage de tous les citoyennes et citoyens sauf celles et ceux qui sont de connivence avec les bandits armés. C’est une situation qui a des incidences majeures sur le fonctionnement des entreprises dans le pays, bon nombre d’entre-elles se trouvent dans l’obligation de fermer leurs portes.

Sur le plan migratoire, beaucoup d’haïtiens laissent le pays pour se réfugier dans des pays de l’Amérique latine, de la Caraïbes et autres, spécialement en République Dominicaine, aux Etats-Unis, au Mexique, au Canada, au Brésil …..
On assiste à la chasse aux haïtiens particulièrement, dans ces trois pays la République Dominicaine, le Mexique et les Etats-Unis.

En République Dominicaine, des centaines d’haïtiens, y compris des femmes enceintes, sont arrêtés en pleine rue ou sur leurs lieux de travail et sont rapatriés, sans aucun contrôle d’identité. Des milliers d’étudiants haïtiens sont obligés d’émigrer en République Dominicaine pour des raisons diverses, particulièrement l’insécurité. Pour la période allant de septembre au 1er Décembre 2021 les autorités dominicaines ont arrêté un total de 15281 migrants haïtiens (GAR, 2022). En un mot, 31,712 haïtiennes et Haïtiens ont été déportés de la République Dominicaine en 2021 (Alterpresse, 20 avril 2022).

En 2021, le Mexique a déporté un total de 1,151 haïtiens. Le gouvernement américain a rapatrié plus de 20,000 haïtiens et haïtiennes depuis l’investiture présidentielle de Joe Biden (Washington Office On Latin (WOLA), 2022).

Dérives
Le premier ministre Ariel Henry conserve le pouvoir pendant que les gangs se multiplient dans le pays. Le premier ministre a 9 mois au pouvoir sans donner aucun résultat visible. La crise ne fait que perdurer, les gangs font élocution d’eux comme les seuls précepteurs des biens et des vies dans le pays. Ils ont le champ libre. La police nationale, seule responsable de la sécurité du pays est absente.

La primature, résidence du premier ministre qui se trouve au bicentenaire est abandonnée.
Les centres d’accueil qui se trouvent dans la zone métropolitaine sont fermés puisque le droit à la vie est un droit sacré, les enfants faisant partis de ces centres sont obligées de se faire enrôler dans des gangs armés.

Aujourd’hui il y a des enfants de moins de 16 ans qui sont au service de ces gangs.
La fonction du commissaire du Gouvernement a été toujours une fonction noble. On dit qu’il est le représentant de la société. Il est là pour faire la poursuite pénale du gouvernement.

On constate ces derniers jours que le commissaire, Jean Ersnt Muscadin est en train de faire des exécutions sommaires, chose interdite par la constitution de 1987, donc un mauvais précédent pour le pays. Blaise Pascal a dit : ‘’La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique’’. La justice est symbolisée par la balance, qui mesure l’égalité.

D’où, il est impératif à ce qu’on cherche l’équilibre devant cette impuissance de l’Etat.
Engagement
De nombreux hommes, femmes et enfants sont battus, violés, tués, humiliés et soumis à la discrimination. Chaque haïtien devrait aujourd’hui prendre conscience et prendre un engagement ferme par rapport à la situation d’insécurité qui ravage le pays.

Personne ne peut gagner seul la grande bataille contre l’insécurité. Cette bataille est vitale pour Haïti et il n’y a pas les uns contre les autres. On ne peut la gagner qu’ensemble. Dans cette crise que nous traversons, il n’y a pas que la crise économique, financière, il faut aussi tenir compte de la crise éducative.

Pour résorber cette crise multidimensionnelle, nous avons besoin de plus de priorités données à l’éducation et au développement du capital humain. Il faut lutter contre l’insécurité avec tous les moyens de la régulation.
L’accès à l’éducation pour toutes et tous ne doit pas être une contrainte. C’est un levier.

Elle ne doit pas non plus être un outil d’ascension sociale pour les plus favorisés contre les démunis mais d’espace collectif pour la création du vivre ensemble à l’échelle nationale. Seule, par l’éducation nous pouvons créer le socle social dont nous rêvons toutes et tous.
Thomas Hobbes déclare que là où il n’est point de pouvoir commun, il n’est pas de loi.

Apres la mort du président Jovenel Moise, la population vit un choc psychosocial, psychique et mental constant. Cet état de fait nous permet de voir la faillite de l’État où la constitution n’est pas applicable par rapport à l’absence des 3 pouvoirs de l’Etat.

Dirigeants de mon pays l’heure est au consensus, la réussite est un processus, en qualité de père et mère de la grande famille haïtienne, vous devez protéger physiquement et économiquement les membres de cette famille, les motiver et les orienter vers le succès. Écartons le fixisme, prenons la voie du dialogue et de la négociation pour la construction d’un pouvoir commun.

Renforçons notre relation, écoutons les besoins des autres, valorisons l’être haïtien, cultivons la tolérance et évacuons les tensions, les sentiments négatifs, les frustrations, les ressentiments accumulés pour arriver à un changement véritable de notre système de gouvernance et construire un projet commun afin de créer le rêve haïtien.
Unissons-nous pour le bien-être du peuple haïtien !

Masly DORCELY Gestionnaire/ Av.
Secrétaire General du Réseau des Enseignants/tes Haïtiens (REEH)

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