Justice : le chef de gang « Yonyon » condamné à la prison à vie aux États-Unis
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Justice : le chef de gang « Yonyon » condamné à la prison à vie aux États-Unis
Washington – Germine Joly, plus connu sous le surnom de « Yonyon », présenté comme le chef du redoutable gang 400 Mawozo, a été condamné ce mercredi à la réclusion criminelle à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle par un tribunal fédéral américain, selon le Miami Herald. Il a été reconnu coupable d’avoir orchestré l’enlèvement, en 2021, de 17 missionnaires, dont 16 citoyens américains, parmi lesquels un nourrisson de huit mois.
La peine a été prononcée par le juge fédéral John D. Bates, sept mois après que le jury a déclaré Germine Joly coupable de conspiration et de direction de cette prise d’otages visant des membres de l’organisation chrétienne basée dans l’Ohio, Christian Aid Ministries. En plus de la perpétuité, le tribunal a infligé à l’accusé une amende de 1 700 dollars.
« Cette condamnation montre clairement que la tentative de Germine d’obtenir sa liberté en utilisant des chrétiens comme pions s’est retournée contre lui », a déclaré la procureure fédérale Jeanine Pirro.
Les 17 otages, dont un ressortissant canadien, avaient été retenus sous la menace des armes pendant 62 jours. Leur libération est intervenue après le paiement d’une rançon de 350 000 dollars, présentée publiquement comme une fuite. L’affaire avait projeté le gang 400 Mawozo et l’ampleur de l’insécurité en Haïti sur le devant de la scène internationale, révélant la puissance croissante des réseaux criminels spécialisés dans les enlèvements.
Au moment des faits, Germine Joly était pourtant déjà incarcéré au Pénitencier national à Port-au-Prince. Selon l’accusation, cela ne l’empêchait nullement de diriger les opérations du gang depuis sa cellule, à l’aide de téléphones portables non surveillés. Il pilotait à la fois les enlèvements et un vaste trafic d’armes entre les États-Unis et Haïti, avec l’appui de complices basés en Floride.
Les témoignages recueillis durant le procès ont également établi qu’il contrôlait les finances du gang, répartissant les salaires issus notamment des rançons versées pour la libération des otages.
En janvier 2024, dans une autre affaire distincte, Germine Joly avait plaidé coupable de complot en vue du trafic d’armes en violation des lois américaines sur l’exportation, ainsi que de blanchiment d’argent provenant de rançons liées à des citoyens américains. Pour ces faits, il avait été condamné en juin à 35 ans de prison fédérale.
Dans le dossier des missionnaires, le service de probation des États-Unis avait recommandé la perpétuité, suivie de 60 mois de liberté surveillée, recommandation soutenue par le gouvernement fédéral. Les procureurs ont souligné la gravité exceptionnelle des faits, estimant que l’accusé avait agi par pur intérêt personnel dans l’espoir d’obtenir sa libération contre les otages.
La défense, de son côté, avait plaidé pour une peine d’environ 25 ans de prison, arguant qu’une sanction plus longue serait disproportionnée au regard des condamnations prononcées contre ses coaccusés dans l’affaire du trafic d’armes. Les avocats ont également réitéré la contestation du rôle de chef de gang attribué à leur client.
Les missionnaires mennonites avaient été kidnappés le 16 octobre 2021 alors qu’ils revenaient de la visite d’un orphelinat à l’est de Port-au-Prince. Armés, les ravisseurs les avaient extraits de leurs véhicules avant de les déplacer dans plusieurs lieux tenus par des membres du gang.
Peu après l’enlèvement, 400 Mawozo avait revendiqué l’opération sur les réseaux sociaux et exigé une rançon de 17 millions de dollars, soit un million par otage. En novembre 2021, le gang avait même proposé, en lieu et place de l’argent, la libération de Germine Joly alors incarcéré en Haïti.
La rédaction.
