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Haïti : Le secteur privé s’empare du pouvoir transitoire, une revanche de classe aux relents de crise nationale

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Haïti : Le secteur privé s’empare du pouvoir transitoire, une revanche de classe aux relents de crise nationale

Port-au-Prince, 6 août 2025 – Un nouveau chapitre s’ouvre dans la transition politique en Haïti, bien qu’il semble rappeler les anciennes dynamiques de domination. Le secteur privé a renforcé son influence sur l’appareil d’État avec deux de ses figures emblématiques à des postes clés : Alix Didier Fils Aimé en tant que Premier ministre et Laurent Saint-Cyr en tant que coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Pour de nombreux analystes critiques, cette situation ne se limite pas à une simple réorganisation institutionnelle, mais constitue plutôt une manœuvre stratégique de prise de pouvoir par les élites économiques du pays.

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À première vue, cette nomination peut être perçue comme une tentative de stabilisation. Cependant, elle reflète en réalité un malaise historique profonds : la concentration des leviers politiques entre les mains des forces économiques dominantes.

Alix Didier Fils Aimé, ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (CCIH), est une figure proche des milieux d’affaires. Par ailleurs, Laurent Saint-Cyr a récemment occupé la direction de l’Association haïtienne des industries (ADIH), l’un des lobbys les plus influents du pays. L’arrivée concomitante de ces individus à la tête de l’État est perçue par certains comme un ‘coup d’État technocratique’ orchestré par le grand capital.

Le secteur privé haïtien, en particulier à travers les grandes familles commerçantes, exerce depuis des décennies un contrôle significatif sur l’importation des produits de première nécessité tels que le riz, la farine, le carburant et les médicaments, sans jamais entreprendre d’investissements durables dans la production nationale. Cette situation a entraîné une dépendance totale de l’économie vis-à-vis de l’étranger, une flambée des prix au quotidien, et une population confrontée à une insécurité alimentaire croissante.

« Ces individus importent l’intégralité des biens, déterminent les prix, spéculent, et exercent un contrôle sur les banques, les ports, les assurances, et désormais sur l’État », déclare un ancien cadre du ministère de l’Économie. « Leur objectif n’est pas de construire un pays, mais de maximiser leurs profits, même au détriment de la cohésion sociale. »

Cette oligarchie, souvent critiquée pour son cynisme et son manque d’innovation, n’échappe pas aux scandales. Plusieurs membres de cet ensemble, dont certains sont proches des deux nouveaux dirigeants, figurent dans des rapports internationaux en raison de leur implication présumée dans le financement de groupes armés, la spéculation illégale et la corruption systémique. Parmi les noms répertoriés, on trouve Acra, Braun, Vorbe, Bigio, Deeb, Abdallah et Khawly. Ces élites économiques, désormais à la tête du Conseil présidentiel de transition et du gouvernement technocratique, suscitent des préoccupations dans un pays où les distinctions entre l’économie, le crime organisé et la politique sont particulièrement floues.

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En 2022 et 2023, les États-Unis, le Canada et les Nations Unies ont imposé des sanctions ciblées à plusieurs hommes d’affaires influents en Haïti, les accusant de soutenir activement les gangs armés qui terrorisent le pays. Toutefois, ces mêmes acteurs, désormais alliés à l’État, continuent à jouer un rôle central dans les négociations politiques et bénéficient d’une impunité persistante.

L’essor du secteur privé suscite également un débat crucial concernant la race et la structure sociale en Haïti. Historiquement, la bourgeoisie mulâtre, bien que financièrement influente, constitue une minorité démographique et a souvent exercé le pouvoir en utilisant des figures noires comme un moyen de légitimation.

Avec la nomination de Saint-Cyr et Fils Aimé, la situation évolue : « Ils n’ont plus besoin de marionnettes pour occuper la vitrine, ils se présentent désormais comme les détenteurs légitimes du pouvoir », observe une sociologue haïtienne. « Ce que nous observons ici est une tentative d’imposer une dictature technocratique de classe, dans un pays où la majorité noire appauvrie n’a jamais véritablement exercé le pouvoir. »

Alors que la population haïtienne continue d’affronter les défis liés à l’insécurité, à la famine et au chômage, cette période de transition sans véritable changement soulève une question essentielle : le pouvoir doit-il encore servir les intérêts du peuple ou se limiter à défendre ceux du marché ? Dans un contexte où les mécanismes de participation citoyenne sont absents et où la communauté internationale fait preuve d’une complicité implicite, le risque d’un nouveau cycle de révolte populaire devient alarmant.

Depuis des décennies, Haïti aspire à une issue durable à sa crise. Aujourd’hui, le pays fait face à une situation explosive où le pouvoir politique semble subordonné aux intérêts économiques, dépourvu de contrepoids institutionnel et de légitimité populaire.

La rédaction.

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