Haïti sous le choc : 2 journalistes assassinés, 7 blessés, des radios incendiées – La presse menacée d’extinction
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Haïti sous le choc : 2 journalistes assassinés, 7 blessés, des radios incendiées – La presse menacée d’extinction
Port-au-Prince, mars 2025 – En Haïti, la liberté de la presse est en péril. Depuis février 2024, les attaques contre les journalistes et les médias se multiplient à un rythme alarmant. Selon un rapport du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) publié le 17 mars 2025, quatre stations de radio ont été ciblées, deux journalistes assassinés, sept autres blessés et un enlevé contre rançon. Ces agressions, attribuées à la coalition de gangs « Viv Ansanm », plongent le pays dans une spirale de violence qui menace le droit à l’information.
La nuit du 12 au 13 mars 2025 a été marquée par une attaque incendiaire contre les locaux de Radio Télévision Caraïbe (RTVC), l’un des principaux médias du pays. Mélodie FM, également ciblée, a dû cesser toute diffusion.
Quelques jours plus tard, dans la nuit du 15 au 16 mars 2025, Télé Pluriel a subi une attaque similaire, avec une partie de ses locaux incendiée à Delmas 19. Ces agressions systématiques contre les infrastructures médiatiques illustrent la volonté des criminels de museler la presse haïtienne.
La liste des journalistes assassinés en Haïti est longue et douloureuse. Parmi les victimes notables :
Jean Dominique (2000) – Icône du journalisme haïtien, propriétaire de Radio Haïti Inter, abattu dans la cour de sa station.
Brignol Lindor (2001) – Lynché à Petit-Goâve par des partisans politiques armés.
Jacques Roche (2005) – Enlevé et exécuté après avoir été torturé.
Pétion Rospide (2019) – Abattu après avoir dénoncé des exactions politiques.
Diego Charles et Antoinette Duclaire (2021) – Tués par balles dans un contexte de forte instabilité politique.
Amady John Wesley et Wilguens Louissaint (2022) – Abattus par des gangs dans la périphérie de Port-au-Prince.
Tess Garry (2022) – Retrouvé mort après plusieurs jours de disparition.
Vladimir Legagneur (2018) – Porté disparu lors d’un reportage à Grand-Ravine, son corps n’a jamais été officiellement identifié.
À cette liste s’ajoutent les deux journalistes assassinés en décembre 2024, lors d’une tentative de réouverture de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH). Ces pertes successives illustrent les risques encourus par les professionnels de l’information dans l’exercice de leur métier.
Le mercredi 19 mars 2025, une manifestation contre l’insécurité à Canapé-Vert a dégénéré en violences. Des journalistes présents pour couvrir l’événement ont été agressés par certains manifestants. Parmi les victimes figurent :
Moïse Beaucejour
Peter Lyonelson Biamby
Herby Val
Wilkenson Germain
Rudy Éveillard (Uni FM)
Stanley (Télé Kiskeya)
Patrick Souvenir (Télé Ginen)
Ces agressions ont été dénoncées par l’Ordre des Défenseurs des Droits Humains (ORDEDH) et le Collectif des Médias en Ligne (CMEL), qui ont rappelé que la liberté de la presse est un droit fondamental nécessitant une protection accrue des journalistes.
Les attaques répétées contre la presse en Haïti traduisent une volonté délibérée de réduire au silence les voix critiques et indépendantes. Les criminels cherchent à imposer un climat de terreur, muselant les journalistes et empêchant la couverture des événements qui secouent le pays.
Face à ces violences, les autorités peinent à assurer la protection des travailleurs de l’information. Les enquêtes sur les assassinats de journalistes aboutissent rarement, laissant les auteurs de ces crimes agir en toute impunité.
Malgré les menaces, les intimidations et les assassinats, de nombreux journalistes haïtiens continuent de se battre pour informer la population. Cependant, la situation atteint un niveau critique. La fermeture forcée de certains médias, les attaques incessantes contre les journalistes et l’absence de protection efficace posent une question essentielle : Haïti peut-elle encore garantir le droit à l’information ?
Tandis que les cendres des stations de radio incendiées témoignent du combat acharné que mène la presse, une autre bataille se joue : celle de la survie même du journalisme en Haïti.
La rédaction.
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