Haïti : Pierre Espérance dénonce la complicité entre autorités et gangs après les tirs au Palais National
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Dans une interview exclusive ce 9 octobre 2025, le directeur exécutif du RNDDH estime que cette collusion a contribué à l’échec du Conseil des ministres interrompu par des tirs.
Port-au-Prince, 9 octobre 2025.-
Ce jeudi matin, des tirs nourris ont éclaté aux abords du Palais National, contraignant les ministres et conseillers présidentiels à évacuer précipitamment le siège du pouvoir. Le Conseil des ministres, à peine entamé, a été interrompu, plusieurs points majeurs de l’ordre du jour restant en suspens. Selon des témoins, l’évacuation s’est déroulée dans la confusion, sans cortège ni sirènes, illustrant la fragilité de l’État face aux groupes armés.
Quelques heures après cet incident spectaculaire, Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), a reçu notre rédaction dans son bureau pour une interview exclusive. Il a livré son analyse des événements et des risques liés à la violence qui continue de secouer le pays.
Pour lui, l’échec de cette réunion gouvernementale ne relève pas seulement de l’insécurité. « Je crois que certaines autorités sont de mèche avec les bandits. Ces complicités internes expliquent en partie pourquoi le Conseil des ministres a tourné au fiasco », affirme Pierre Espérance.
« La force multinationale autorisée par la résolution de l’ONU doit agir avec autonomie et professionnalisme, en ciblant uniquement les gangs et en évitant les dommages collatéraux à la population civile », ajoute-t-il. « Mais sans rompre avec les complicités, aucune mission ne pourra stabiliser le pays. »
Le directeur du RNDDH insiste également sur l’origine des armes qui alimentent la violence : « Beaucoup proviennent de compatriotes vivant dans la diaspora et transitent via des conteneurs et circuits parallèles, souvent avec la complicité de certains acteurs locaux. »
Selon lui, l’incapacité des autorités à sécuriser même le périmètre du Palais National montre que le peuple haïtien reste « pris en otage par des gangs armés, soutenus par des complices en col blanc ». « La lutte contre l’insécurité ne sera crédible que si l’État rompt avec l’impunité et protège véritablement les civils », a déclaré Pierre Espérance
Cette scène spectaculaire intervient alors que le gouvernement affirmait récemment avoir « repoussé » les groupes armés du centre-ville de Port-au-Prince.
Pierre Espérance dénonce la complicité active de certaines élites politiques et économiques dans l’entretien de la crise. « Le peuple haïtien ne peut pas accepter d’être pris en otage par des bandits armés soutenus par des complices en col blanc », affirme-t-il. Selon lui, tant que ce lien ne sera pas brisé, « aucune mission internationale ne pourra stabiliser durablement le pays ».
La rédaction.