Violence en Haïti : les États-Unis réclament une intervention internationale plus agressive

Port-au-Prince, 13 septembre 2025.- L’administration américaine exhorte le Conseil de sécurité des Nations unies à approuver rapidement la mise en place d’une nouvelle mission internationale baptisée « Gang Suppression Force » destinée à épauler la police haïtienne dans sa lutte contre les groupes armés.

Barbara Feinstein, sous-secrétaire adjointe d’État pour les affaires caribéennes et haïtiennes, a lancé cet appel lors d’une conférence de presse à l’Organisation des États américains (OEA), à Washington. « Nous demandons au Conseil de sécurité d’entendre nos voix unies et d’agir sans délai. Haïti ne peut plus attendre », a-t-elle déclaré, soulignant l’urgence face à l’escalade de la violence et aux déplacements massifs de populations.

La proposition américaine, soutenue par le Panama, vise à transformer l’actuelle mission multinationale dirigée par le Kenya en une force plus offensive et autonome. Cette nouvelle structure serait épaulée par un bureau logistique de l’ONU spécialement créé pour coordonner les opérations sur le terrain.

Trente-deux États membres de l’OEA ont signé une déclaration commune appuyant cette initiative, bien que certains pays préfèrent éviter le terme « Gang Suppression Force », jugé trop restrictif. Le secrétaire général de l’OEA, Albert Ramdin, a salué cette solidarité régionale tout en rappelant les limites de son organisation, qui n’a pas mandat pour déployer directement des forces de sécurité.

Le représentant haïtien par intérim auprès de l’OEA, Jean Josué Pierre, a insisté sur le caractère vital de cette transformation : « Chaque jour d’inaction permet aux gangs de renforcer leur emprise et de s’enraciner dans le tissu social. »

Malgré ce soutien diplomatique, des incertitudes demeurent sur le financement et le recrutement des 5 500 hommes nécessaires à cette force. L’actuelle mission kényane n’a jamais atteint son objectif de 2 500 membres et reste dépendante du financement américain, estimé à près d’un milliard de dollars en quatorze mois.

Parallèlement, Washington a renforcé ses mesures contre les chefs de gangs, notamment une prime de 5 millions de dollars pour la capture de Jimmy « Barbecue » Chérizier et la désignation de son alliance criminelle « Viv Ansanm » comme organisation terroriste internationale.

Alors que le mandat de la mission actuelle arrive à échéance à la fin du mois, les discussions à l’ONU s’annoncent décisives pour déterminer si la communauté internationale pourra enfin doter Haïti d’un dispositif capable de contenir l’emprise des gangs sur le pays.

Lors de l’interrogatoire, certains Haïtiens expriment leur perplexité quant au fait que les États-Unis, à travers leurs diverses interventions, omettent systématiquement de souligner leur soutien aux forces armées haïtiennes, malgré l’importance d’une armée nationale solide pour garantir la sécurité. « Quelles appréhensions motivent cette attitude des États-Unis ? » « Ils se posent des questions, sous-entendant que Washington n’aurait pas intérêt à voir émerger une armée moderne et compétente, qui pourrait entraver ses intérêts et faciliter, selon eux, la poursuite du pillage des ressources haïtiennes, en collusion avec certains dirigeants détendeurs de la nationalité américaine. »

La rédaction.