Haïti – Crise : Lapè Pou Ayiti appelle à une proposition politique commune et à un dialogue national inclusif
Haïti – Crise : Lapè Pou Ayiti appelle à une proposition politique commune et à un dialogue national inclusif
À l’occasion du 16 décembre, date emblématique de la première élection démocratique après la dictature des Duvalier, le mouvement Lapè Pou Ayiti a organisé une activité politique dans la commune de Delmas. Cette rencontre a réuni responsables politiques, leaders sociaux, représentants de camps de déplacés, membres de la presse et citoyens engagés autour d’une même exigence : trouver une issue pacifique, consensuelle et durable à la crise haïtienne.
Lors de cette activité, Fritznel Pierre Louis a rappelé l’itinéraire national du mouvement Lapè Pou Ayiti depuis son lancement le 17 juin à l’hôtel Montana. Il a expliqué que la démarche ne s’est pas limitée à Port-au-Prince, mais s’est étendue au Grand Sud, à la Grand’Anse, au Sud-Est, au Plateau Central, à l’Artibonite et au Grand Nord.
Selon lui, l’heure n’est plus à la multiplication de propositions isolées. Il a appelé à fusionner les initiatives politiques, judiciaires et citoyennes en une seule proposition nationale. Il a également plaidé pour la création d’un comité de médiation composé notamment de représentants de la presse, de Religion pour la Paix et des barreaux, afin de faciliter un dialogue crédible entre les acteurs.
Sur le fond, Fritznel Pierre Louis a insisté sur la sécurité comme condition préalable à toute élection, évoquant la neutralisation des gangs armés, la réhabilitation des routes nationales, le retour encadré et l’indemnisation des déplacés internes, ainsi que la mise en place d’opérations ciblées associant la PNH et les FAD’H. Il a réaffirmé l’objectif d’un gouvernement de consensus en 2026, à la fin de la transition actuelle, jugée inefficace pour la population.
Prenant la parole à son tour, Nélus Néruis porte-parole de cette structure, a salué la présence des organisations politiques et sociales. Il a rappelé que le 16 décembre ne peut être vidé de son sens historique et démocratique.
Nélus Néruis a souligné que les populations rencontrées à travers le pays ne réclament pas prioritairement des élections, mais la sécurité, le retour à la vie normale et l’accès au travail. Selon lui, organiser des élections dans un contexte d’insécurité généralisée serait une illusion dangereuse. Il a appelé à une mobilisation nationale pour une gouvernance responsable, fondée sur la sécurité et la dignité humaine.
Représentant des camps de déplacés, Dessous Edison a livré un témoignage poignant sur les conditions de vie des personnes déplacées internes. Il a été catégorique : aucune élection n’est possible tant que les déplacés ne peuvent pas retourner chez eux en sécurité.
Il a dénoncé l’absence de réponses concrètes de l’État face à la misère, à l’insécurité sanitaire et à la précarité extrême vécues dans les camps. Pour lui, la priorité nationale doit être le rétablissement de la sécurité, la reconstruction des quartiers détruits et la restauration de la dignité des citoyens avant toute consultation électorale.
À travers cette activité, Lapè Pou Ayiti et ses alliés ont lancé un message sans ambiguïté : la sortie de crise passe par la sécurité, le dialogue inclusif et un consensus national, et non par des élections organisées dans le chaos. Le 16 décembre est ainsi revendiqué non comme un simple symbole historique, mais comme un rappel des exigences démocratiques fondamentales du peuple haïtien.
La rédaction.
