Haïti : Colère ouvrière et appel à la mobilisation pour un salaire minimum de 2 500 gourdes
Un média d’excellence pour une information fiable, rapide et sans compromis

Haïti : Colère ouvrière et appel à la mobilisation pour un salaire minimum de 2 500 gourdes
La contestation sociale ne faiblit pas en Haïti. Le jeudi 6 mars 2025, le Komite Kore Lit Ouvriye yo (K-LOT) a tenu une conférence de presse à Delmas pour dénoncer la précarité croissante des travailleurs. Au cœur des revendications : l’exigence d’un salaire minimum de 2 500 gourdes, dans un contexte de flambée des prix sans précédent.
Lors de son intervention, le syndicaliste Télémaque Pierre a accusé le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) d’inaction face à la détérioration du pouvoir d’achat. Selon lui, le gouvernement n’a procédé à aucun ajustement salarial depuis trois ans, malgré une inflation atteignant 30 % selon les dernières données de l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI).
> « Les prix des produits de première nécessité augmentent à un rythme effréné, tandis que les travailleurs doivent survivre avec un salaire misérable, insuffisant pour nourrir une famille », a-t-il dénoncé.
Au-delà des revendications salariales, le K-LOT tire la sonnette d’alarme sur l’aggravation des conditions de vie des travailleurs, pris en étau entre la précarité et une insécurité galopante.
Selon Télémaque Pierre, cette montée de l’insécurité n’est pas fortuite, mais résulte d’une stratégie visant à maintenir les ouvriers dans une situation de vulnérabilité permanente.
« Les travailleurs sont devenus des cibles faciles pour les gangs. Beaucoup ont dû abandonner leurs maisons et vivent aujourd’hui dans des camps de fortune, sans aucune assistance de l’État », a-t-il dénoncé avec véhémence.
L’insécurité constitue un obstacle majeur pour les ouvriers, contraints de braver les menaces de gangs pour se rendre sur leur lieu de travail.
« Comment peut-on produire et faire tourner l’économie quand les travailleurs ont peur de sortir de chez eux ? », s’est interrogé le syndicaliste.
Les critiques ne s’arrêtent pas là. Junior Derose, coordonnateur des Agents de Sécurité Professionnels, a vivement dénoncé la gestion chaotique de l’Office d’Assurance Chômage. Il reproche au CPT d’ignorer les syndicats et d’imposer des réformes qui pénalisent encore davantage les travailleurs.
« C’est un véritable complot contre les employés, accablés par des prélèvements obligatoires sans jamais en voir les bénéfices », a-t-il affirmé, accusant le gouvernement de vouloir alourdir la pression fiscale sur une classe ouvrière déjà en détresse.
Face à cette situation explosive, syndicats et organisations ouvrières appellent à une grande mobilisation nationale. Un sit-in est prévu le mardi 11 mars devant la résidence officielle du Premier ministre Alix Didier Fils Aimé, à Delmas 60.
« Nous ne pouvons plus accepter cette exploitation ! Nous devons descendre dans les rues pour exiger ce qui nous est dû », a lancé Junior Derose, exhortant les travailleurs et citoyens haïtiens à se joindre au mouvement.
Alors que la colère sociale s’intensifie, le gouvernement haïtien cédera-t-il à la pression populaire ou choisira-t-il de rester sourd aux revendications légitimes des travailleurs ?
Les employés du Centre National des Équipements (CNE) ont déjà multiplié les sit-in devant la Villa d’Accueil et la Primature pour exiger le paiement de six mois d’arriérés de salaire et d’autres indemnités. Jusqu’à présent, le Premier ministre de facto est resté inflexible, refusant d’autoriser le ministère de l’Économie et des Finances à débloquer les fonds nécessaires.
Le 11 mars s’annonce donc comme une journée décisive dans la lutte pour la justice sociale en Haïti.
La rédaction.
Nous vous remercions chaleureusement pour votre fidélité et pour le temps que vous avez consacré à la lecture de cet article. Votre soutien nous est très précieux.