Fritz Alphonse Jean, dans une lettre adressée à ses collègues, exige la tête du Premier ministre
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Port-au-Prince, 23 septembre 2025.- L’ancien président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, a ravivé mercredi ses tensions politiques avec le chef du gouvernement, Alix Didier Fils-Aimé. Dans une lettre adressée à ses anciens collègues du CPT, l’économiste et ex-gouverneur de la Banque Centrale appelle une nouvelle fois à la démission du Premier ministre, qu’il accuse d’inaction face à la spirale de violence qui continue de ravager le pays.
Dans ce courrier au ton particulièrement accusateur, Fritz Jean impute directement au gouvernement actuel la responsabilité de l’aggravation de l’insécurité : « Chaque jour, le sang de victimes innocentes coule à cause de l’irresponsabilité de la Primature », écrit-il. L’ancien dirigeant pointe notamment les failles de la coopération internationale en matière de sécurité et critique les « résultats dérisoires » obtenus jusqu’ici par la police malgré l’appui de conseillers étrangers.
Fritz Jean fait explicitement référence au massacre de Cabaret, qui a marqué l’opinion publique, ainsi qu’à une opération de drone à Pelé Simon, où plusieurs civils – dont des enfants – auraient trouvé la mort. Selon lui, ces incidents illustrent « la dérive d’une stratégie sécuritaire incohérente et meurtrière ». Jusqu’ici, la Police nationale d’Haïti n’a pas commenté ces allégations, et aucune image officielle de ces opérations n’a été publiée.
Si la lettre de Fritz Jean crée du remous au sein de la classe politique, elle peine néanmoins à convaincre ses anciens partenaires du CPT. Un conseiller, qui a requis l’anonymat, estime que cette nouvelle offensive « n’aura pas de véritable effet » :
« Fritz Jean n’a jamais su rassembler lorsqu’il présidait le CPT. Aujourd’hui, il tente de capitaliser sur l’insécurité pour affaiblir le Premier ministre, mais il est peu probable qu’il parvienne à rallier une majorité », confie-t-il.
Ce même responsable rappelle que l’ancien président du CPT avait quitté ses fonctions sans véritable bilan, en particulier sur le terrain sécuritaire. « Son attitude autoritaire et méprisante à l’époque laisse peu de place à un retour crédible », ajoute-t-il.
Cette sortie marque un nouvel épisode de l’affrontement personnel entre Fritz Jean et Alix Didier Fils-Aimé. Alors que le Premier ministre fait face à une pression croissante de la population et de la communauté internationale pour juguler la crise sécuritaire, ses adversaires cherchent à accentuer son isolement. Mais selon plusieurs observateurs, les initiatives répétées de Fritz Jean traduisent davantage une rivalité politique qu’une réelle volonté de réforme.
Dans un contexte où Haïti demeure prisonnière des violences armées, ces luttes de pouvoir au sommet ne font qu’accentuer le désarroi d’une population déjà fragilisée par des années d’instabilité.
La rédaction.