Des fusils saisis et des bandits tués : la PNH marque un point à Torcelle

Alors que la Police nationale d’Haïti inflige un revers au gang “Kraze Baryè” à Torcelle, la question brûle les lèvres : quand l’État frappera-t-il enfin au cœur de la capitale, là où règnent encore les pires foyers de violence ?

Port-au-Prince, 9 juillet 2025.- Une opération d’envergure menée par la Police nationale d’Haïti (PNH) à Torcelle, dans la commune de Tabarre, a permis de neutraliser plusieurs membres du redoutable gang “Kraze Baryè” et de saisir six armes à feu, dont cinq fusils de guerre, ainsi que de nombreuses munitions. L’intervention a eu lieu mardi 8 juillet 2025, dans le cadre de la stratégie offensive lancée contre le réseau criminel dirigé par Vitelhomme Innocent, selon la PNH.

Les autorités policières, sous les ordres du Commandant en chef a.i, M. Rameau Normil, affirment leur détermination à démanteler les bastions criminels dans cette zone de l’aire métropolitaine, notamment à Torcelle et Pernier. Des instructions fermes ont été données pour intensifier la traque contre les bandits.

Mais cette démonstration de force, aussi saluée soit-elle, soulève une interrogation légitime : pourquoi la PNH n’a-t-elle pas encore lancé une opération similaire dans le centre-ville de Port-au-Prince, notamment à Village-de-Dieu, Grand-Ravine, Delmas 2 ou encore Martissant, où les gangs continuent de semer la terreur en toute impunité ?

Alors que les habitants de zones périphériques commencent à voir un léger souffle d’espoir grâce aux actions récentes de la PNH, les quartiers centraux de la capitale restent sous la coupe réglée de groupes armés puissants, bien équipés et de plus en plus organisés. Village-de-Dieu, fief de gang notoire, reste inviolé. Grand-Ravine, Carrefour-Feuilles, Cité de l’Éternel : autant de territoires devenus des zones de non-droit où l’État semble absent, sinon complice par son silence.

“C’est une bonne chose que Torcelle soit ciblée, mais pourquoi ce silence radio sur Port-au-Prince ? Pourquoi cette lenteur ?” dénonce un citoyen de Carrefour qui a requis l’anonymat. “On dirait que certaines zones sont devenues intouchables.”

Certains observateurs évoquent des raisons politiques, d’autres parlent de contraintes logistiques, de manque d’effectifs ou de matériels lourds pour engager des combats urbains dans des quartiers densément peuplés. Cependant, les citoyens haïtiens n’en peuvent plus d’attendre. “On ne veut plus d’excuses, on veut des résultats. Il faut libérer la capitale avant qu’il ne soit trop tard”, lance une habitante de Léogâne.

Les succès enregistrés contre “Kraze Baryè” à Torcel montrent que la PNH en est capable. Avec le bon leadership, une coordination interinstitutionnelle efficace et l’appui de la population, les bastions criminels les plus enracinés peuvent être démantelés.

Mais l’opinion publique reste en alerte. L’opération de Torcelle ne doit pas être une exception isolée, mais le début d’une vaste campagne nationale de reconquête du territoire. Et cette campagne ne saurait être complète sans une offensive décisive dans le centre-ville de Port-au-Prince.

Le peuple haïtien, las de vivre dans la peur, attend des actions concrètes. La question n’est plus de savoir si la PNH en est capable, mais quand elle passera à l’action contre les gangs les plus enracinés. L’État doit se montrer à la hauteur de l’urgence sécuritaire. Et c’est dans les rues du centre-ville de Port-au-Prince que cette bataille décisive devra être livrée.

Par : Rédaction Réalité Info
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