Crise politique en Haïti : un plan de passation de pouvoir discuté à haut niveau

Port-au-Prince.- L’« Initiative du 24 avril 2025 » a annoncé la tenue d’une série de rencontres politiques destinées à définir un plan de passation de pouvoir (PPP), prévu à partir du 1er octobre 2025. Cette démarche vise à organiser le départ du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et à encadrer le processus de succession institutionnelle.

Le processus intervient dans un contexte de contestation persistante du CPT et d’impasse politique prolongée. Les organisateurs avancent l’idée d’une transition conduite par le pouvoir judiciaire, notamment par un juge de la Cour de cassation, afin de garantir une continuité institutionnelle jugée plus crédible.

Selon les termes de référence publiés, le plan s’articulera autour d’un dialogue national réunissant quatre catégories d’acteurs : la société civile, les regroupements et partis politiques, le CPT lui-même, ainsi que la communauté internationale.

Les premières consultations doivent s’ouvrir le 14 septembre avec différents secteurs, notamment les organisations de femmes, les mouvements de jeunesse, les représentants paysans, religieux et culturels. Des discussions avec les forces politiques et les partenaires internationaux sont également prévues.

Objectifs stratégiques

Le plan de travail prévoit plusieurs étapes :

Présenter et discuter le plan de passation de pouvoir ;

Recueillir des propositions d’ajustement ;

Créer une Commission de Passation de Pouvoir (CPP) chargée de superviser le processus ;

Définir les mécanismes d’une transition pacifique vers un ordre institutionnel stabilisé.

À l’issue des rencontres, les initiateurs attendent un engagement formel des parties prenantes, la validation du plan, ainsi que la production d’un communiqué final et d’un rapport de synthèse.

L’initiative met en avant la nécessité d’une « transition refondatrice » pour éviter un vide institutionnel à partir d’octobre. Elle illustre également les débats persistants sur la légitimité des mécanismes de sortie de crise en Haïti, où la fragmentation des forces politiques et la méfiance vis-à-vis des institutions demeurent des obstacles majeurs.

Les élections organisées au sein du secteur de la jeunesse ont permis de désigner les représentants de ce groupe au sein de la Commission de Passation de Pouvoir (CPP). Les jeunes élus sont :

1. Mlle Francesse Batismé

2. M. Dominique Michée

Ils seront suivis dans les jours à venir par les représentants des autres secteurs de la vie nationale, conformément aux termes de référence.

Contexte : le rôle du CPT et les défis de la transition

Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a été installé en 2024 pour assurer la gestion provisoire de l’État et préparer de nouvelles élections. Cependant, son action a rapidement suscité des critiques, notamment en raison de son manque de légitimité électorale, de divisions internes et de difficultés à rétablir la sécurité dans un pays marqué par l’expansion des groupes armés.

L’absence d’échéances électorales claires a accentué les tensions, tandis que plusieurs acteurs politiques et sociaux ont plaidé pour un mécanisme alternatif de transition. L’« Initiative du 24 avril 2025 » s’inscrit dans cette dynamique, en mettant en avant une passation de pouvoir supervisée par la justice comme solution de compromis.

La réussite de ce processus dépendra toutefois de l’adhésion des principaux acteurs politiques haïtiens et du soutien de la communauté internationale, facteur déterminant dans l’équilibre du paysage politique national.

La rédaction.