Carnage à Simon Pelé : le RNDDH dénonce l’usage de drones et réclame une cellule de coordination avec les forces de l’ordre
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Carnage à Simon Pelé : le RNDDH dénonce l’usage de drones et réclame une cellule de coordination avec les forces de l’ordre
Lors d’une interview accordée à notre rédaction, Marie Rosy Auguste Ducéna, porte-parole du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), condamne fermement l’opération aérienne du 20 septembre 2025 à Simon Pelé qui a fait, selon l’ONG, 16 morts, dont huit enfants. Le RNDDH dénonce le silence des autorités, questionne la proportionnalité des frappes et exige la création urgente d’une cellule de coordination pilotée par les forces de l’ordre pour encadrer l’utilisation des drones kamikaze.
Une opération meurtrière pointée du doigt par le RNDDH
Le RNDDH affirme, à travers les déclarations de Mme Ducéna, que l’opération menée le 20 septembre 2025 à Simon Pelé a causé la mort de seize personnes, parmi lesquelles huit enfants âgés de 3 à 12 ans. Selon l’ONG, les frappes ont visé une fête organisée par des proches du chef de gang Stevenson Albert, alias « Jumat » ou « Jouma », mais une partie des victimes ne présentait aucun lien avéré avec des activités criminelles.
Le récit fait état de deux explosions distinctes : la première, tombée à proximité du lieu de distribution de cadeaux et d’argent, la seconde, quelques instants plus tard, dans un parc proche de la « base ». Outre les décès, le RNDDH dénombre des blessés parmi des mineurs.
Des précédents inquiétants et une progression des victimes civiles
L’ONG rappelle d’autres opérations similaires : notamment celle du 6 septembre 2025, au cours de laquelle onze personnes ont perdu la vie. Le RNDDH critique le fait que, selon ses enquêtes de terrain, ces opérations n’ont pas toujours visé des combattants identifiés et ont entraîné des victimes civiles. L’organisation observe une mutation : si, jusqu’au 19 août 2025, les frappes auraient principalement visé des éléments armés, elles feraient désormais davantage de victimes parmi la population civile.
Appel à une cellule de coordination encadrée par l’État
Face à ces constats, le RNDDH demande la mise en place d’une cellule de coordination officielle, composée et pilotée par les forces de l’ordre, et non par des instances informelles, afin de planifier et d’encadrer l’usage des drones. L’ONG insiste pour que les renseignements utiles proviennent d’agents d’investigation sérieux et que les opérations respectent les principes de proportionnalité et de précaution, afin de limiter les dommages collatéraux.
Mme Ducéna souligne également que le recours aux drones sans coordination précise et sans information fiable augmente le risque de frapper des civils, alors que des dispositifs de renseignement mal gérés ne permettent pas de cibler avec précision les chefs de gangs ou leurs lieutenants.
Respect des obligations internationales : priorité à la protection des enfants
Le RNDDH rappelle que Haïti est partie à la Convention internationale relative aux droits de l’enfant, laquelle impose à l’État une obligation renforcée de protéger les enfants, en particulier dans les contextes de conflit. Pour l’organisation, la mort d’enfants lors d’opérations d’État ou conduites avec l’appui d’acteurs d’État constitue une violation grave des engagements internationaux et requiert des enquêtes indépendantes.
Silence de l’État et risques d’impunité
Interrogée sur la réaction des autorités, Mme Ducéna se dit préoccupée par l’absence de communication officielle sur les événements de Simon Pelé. Le RNDDH déplore ce qu’elle qualifie de « politique d’absentéisme » de l’État, qui, selon elle, laisse des espaces de pouvoir aux gangs et fragilise davantage les communautés locales. L’ONG appelle à la transparence et à l’ouverture d’enquêtes publiques pour établir les responsabilités.
Recommandations et demandes d’enquête
Parmi les demandes formulées par le RNDDH :
la création immédiate d’une cellule de coordination interinstitutionnelle, sous le contrôle des forces de l’ordre et de l’État ;
l’ouverture d’enquêtes indépendantes et transparentes sur les opérations du 6 et du 20 septembre 2025 ;
la suspension, le temps des investigations, des frappes menées sans garanties de protection des civils ;
la mise en place de garanties spécifiques pour protéger les enfants et les populations vulnérables lors des opérations de sécurité.
L’attaque de Simon Pelé ravive le débat sur les méthodes employées dans la lutte contre les gangs en Haïti. Pour le RNDDH, la combinaison de frappes aériennes non maîtrisées et d’un vide informationnel accroît les risques pour les civils et met en lumière la nécessité d’un cadre légal et opérationnel clair. L’organisation appelle les autorités nationales et les partenaires internationaux à veiller au respect des droits humains et à prioriser la protection des populations, notamment des enfants.
La rédaction.


