Venezuela: Washington, Madrid et Prague demandent des informations sur leurs ressortissants détenus par Maduro
Les États-Unis, l’Espagne et la République tchèque demandent les informations concernant leurs ressortissants détenus au Venezuela, accusés d’être liés à un complot présumé visant à «déstabiliser» le pays. Les autorités vénézuéliennes ont annoncé ce samedi 14 septembre l’arrestation de trois Américains, deux Espagnols et d’un Tchèque, affirmant avoir saisi quelque 400 fusils en provenance des États-Unis.
Le ministre vénézuélien de l’Intérieur, Diosdado Cabello, a alors évoqué un plan présumé destiné à «générer de la violence» et à «déstabiliser» le pays. Le ministre Cabello a identifié les deux autres Américains comme étant David Estrella et Aaron Barren Logan et les Espagnols comme étant José María Basoa et Andrés Martínez Adasme. Ces hommes seraient liés aux agences de renseignement américaines et espagnoles, des affirmations catégoriquement démenties par Washington et Madrid, a rapporté Le Figaro .
«Des touristes terroristes»
«Ces touristes terroristes allaient poser des bombes pendant leur temps libre, ils sont venus pour un nouveau type de tourisme, un tourisme d’aventure comme on pourrait l’appeler, un tourisme explosif», a ironisé le président Maduro, affirmant que les détenus «ont avoué». Le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller a déclaré ce lundi 17 septembre de son côté que Washington recherche «des informations supplémentaires». Caracas et Washington ont rompu leurs relations diplomatiques en 2019. Madrid et Prague ont également demandé ce lundi des «informations officielles et vérifiées» sur ses citoyens détenus, «ainsi qu’une clarification des accusations dont ils font l’objet».
Ces arrestations interviennent dans un contexte de tensions accrues entre le Venezuela et les États-Unis, ainsi qu’avec l’Espagne, au sujet de l’élection contestée du président Maduro. Les relations diplomatiques avec l’Espagne se sont nettement détériorées, alors que le candidat de l’opposition Edmundo González Urrutia, qui prétend avoir remporté les élections, est en exil à Madrid. La ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a qualifié jeudi le Venezuela de «dictature» et salué «les Vénézuéliens qui ont dû quitter leur pays» à cause de son régime. Le Venezuela a ensuite rappelé son ambassadeur à Madrid pour consultations et convoqué l’envoyé de l’Espagne à Caracas.
Les autorités électorales ont proclamé Maduro vainqueur mais n’ont pas publié de décompte détaillé, tandis que l’opposition a publié des copies des résultats de l’élection sur un site web en affirmant que son candidat avait gagné. Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a qualifié dimanche le gouvernement du président Maduro de «dictatorial». Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères du Venezuela, Yván Gil a contre-attaqué, qualifiant Borrell de «porte-parole du mal», l’accusant d’avoir «transformé l’Union européenne en une institution décrépie, colonialiste et guerrière».
Des experts de l’ONU dénoncent un pouvoir arbitraire
Des experts de l’ONU ont dénoncé ce mardi 17 septembre «l’exercice arbitraire» du pouvoir au Venezuela, où des violations des droits humains, dont des crimes contre l’humanité, sont commises dans le cadre d’un «plan» visant à étouffer toute opposition. En septembre 2019, l’ONU a étendu sa surveillance sur la situation au Venezuela après que le Conseil des droits de l’Homme a établi une mission d’établissement des faits.
Cette mission d’experts, avec qui Caracas refuse de coopérer, affirme dans un nouveau rapport que «la réponse répressive de l’État» aux manifestations après les élections fin juillet a «marqué une nouvelle étape dans la détérioration de l’État de droit». Dans ses conclusions, le rapport souligne que «ces violations ne sont pas le résultat d’actes isolés ou aléatoires mais ont été commises dans le cadre d’un plan coordonné visant à réduire au silence, à décourager et à étouffer l’opposition au gouvernement du président Maduro».
Après l’annonce de la réélection du président Nicolas Maduro, qui est contestée par l’opposition et une partie de la communauté internationale, des manifestations de protestation spontanées ont fait 27 morts et 192 blessés dans le pays, tandis que quelque 2.400 personnes ont été arrêtées, de source officielle. «Nous assistons à une intensification de l’appareil répressif de l’État en réponse à ce qu’il perçoit comme des opinions critiques, une opposition ou une dissidence», a déclaré dans un communiqué Marta Valiñas, présidente de la mission.