Une paix à deux vitesses ? L’OEA inspecte la frontière, sans Haïti à la table

Une paix à deux vitesses ? L’OEA inspecte la frontière, sans Haïti à la table

Frontière haïtiano-dominicaine – Alors qu’Haïti traverse l’une des crises les plus profondes de son histoire, l’Organisation des États Américains (OEA) a effectué ce mercredi une visite officielle du côté dominicain de la frontière. Accompagné du ministre de la Défense dominicain, le lieutenant-général Carlos Antonio Fernández Onofre, le haut représentant de l’OEA s’est rendu sur place afin d’« évaluer les progrès et les défis liés à la sécurité ainsi qu’aux mouvements transfrontaliers ».

Une initiative diplomatique d’importance, malgré tout, soulève des interrogations : pourquoi Haïti n’a-t-elle pas été incluse dans cette mission ? Pourquoi observer la frontière uniquement d’un côté ?

« L’OEA demeure résolument engagée pour la stabilité d’Haïti et la sécurité régionale », a affirmé le représentant. Cependant, cette déclaration semble en contradiction avec la réalité d’une approche unilatérale, où l’État haïtien principal concerné n’a pas été associé au processus décisionnel.

Alors que l’Organisation des États Américains (OEA) met en avant la nécessité d’une coopération bilatérale pour assurer un passage « ordonné, réglementé et pacifique » entre les deux nations, sa démarche ciblée auprès des autorités dominicaines soulève des inquiétudes. En effet, cela pourrait donner l’impression que la République Dominicaine est désormais perçue comme le seul interlocuteur crédible par certains acteurs internationaux.

Dans un contexte où Haïti ne bénéficie d’aucune autorité élue, où les institutions sont paralysées et où l’instabilité rend le pays particulièrement vulnérable aux influences extérieures, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer une stratégie implicite de marginalisation diplomatique, voire une forme de tutelle insidieuse.

Haïti est-elle toujours perçue comme un partenaire souverain, ou tend-elle plutôt à adopter un statut d’objet à visée humanitaire et stratégique ?

La récente visite de l’OEA, bien qu’annoncée comme une démarche de soutien régional, révèle une dynamique de coopération à deux vitesses. Haïti apparaît davantage en position d’observation que de consultation, et semble souvent être contournée plutôt que véritablement soutenue.

Dans les coulisses de cette diplomatie sélective, une question essentielle et délicate se pose : peut-on véritablement évoquer la paix régionale lorsque l’un des deux peuples concernés est systématiquement écarté des négociations ?

La rédaction.