Haïti : 200 agents privés étrangers prêts à frapper au cœur des gangs
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Selon La Presse Caraïbes, une entreprise de sécurité privée américaine, Vectus Global, s’apprête à déployer près de 200 agents issus des États-Unis, d’Europe et d’autres régions pour appuyer la lutte contre la violence des gangs en Haïti.
Ce déploiement, d’une durée d’un an, vise à aider le gouvernement haïtien à reprendre de vastes territoires tombés l’an dernier sous le contrôle de bandes lourdement armées. Les informations ont été confirmées à l’Associated Press par une source bien informée, sous couvert d’anonymat.
Vectus Global, spécialisée dans la logistique, l’infrastructure, la sécurité et la défense, est dirigée par Erik Prince, fondateur de la controversée société militaire privée Blackwater et important donateur de l’ancien président américain Donald Trump.
D’après cette même source, la société jouera aussi un rôle stratégique à long terme auprès du gouvernement haïtien, notamment pour rétablir la collecte des revenus lorsque la violence aura diminué.
Un responsable de l’administration Trump a insisté sur le fait que Washington n’était pas impliqué dans ce contrat, ne le finançait pas et n’exerçait aucune supervision.
Les agents étrangers devraient travailler en étroite collaboration avec la Police nationale d’Haïti (PNH) ainsi qu’avec la mission internationale soutenue par l’ONU et dirigée par des policiers kenyans. Mais cette mission peine à atteindre ses objectifs : seulement 991 membres déployés contre 2 500 prévus et un budget disponible de 112 millions $ US, soit 14 % des 800 millions $ annuels estimés nécessaires, selon un rapport récent des Nations Unies.
Ce renfort survient dans un contexte de changements au sommet de la PNH, avec la nomination récente d’André Jonas Vladimir Paraison comme directeur général. Ancien chef de la sécurité du Palais national, Paraison a participé cette année à un groupe de travail réunissant certaines unités de police et des entrepreneurs privés, opérant en dehors du contrôle officiel de la PNH. Ce groupe a notamment eu recours à des drones explosifs, une pratique dénoncée par des défenseurs des droits humains.
L’analyste Diego Da Rin de l’International Crisis Group avertit que, si l’intensification des opérations antigang est nécessaire, le risque d’escalade est bien réel si les moyens humains et logistiques ne suffisent pas à contenir les ripostes.
Au centre de cette confrontation : Viv Ansanm (« Vivre Ensemble »), une fédération de gangs née en septembre 2023 de la fusion du G-9 et du G-Pèp, deux anciens ennemis jurés. Les États-Unis l’ont classée cette année comme organisation terroriste étrangère.
Cette coalition criminelle est responsable d’attaques spectaculaires : assauts contre les deux plus grandes prisons du pays, libérant environ 4 000 détenus ; fermeture forcée de l’aéroport international pendant près de trois mois ; et pressions ayant mené à la démission de l’ancien Premier ministre Ariel Henry.
Le chef de gang Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », a récemment menacé le nouveau patron de la PNH.
« Viv Ansanm possède une puissance militaire qu’il ne montre pas toujours », a averti Da Rin.
La situation reste explosive : entre avril et fin juin, 1 520 personnes ont été tuées et plus de 600 blessées, dont 60 % lors d’opérations des forces de sécurité, 12 % étant attribués à des groupes d’autodéfense, selon le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti.
Les violences ont également provoqué le déplacement d’environ 1,3 million de personnes ces dernières années, aggravant encore la crise humanitaire.
La rédaction.


