Pierre Espérance brise le silence : révélations sur le PHTK, les gangs et l’incident de Miami
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Le directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Pierre Espérance, s’est exprimé ce vendredi 5 septembre 2025 au siège de l’organisation. Dans une interview dense et incisive, il est revenu sur plusieurs dossiers brûlants : le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), la montée en puissance des gangs armés, la situation critique au Cap-Haïtien et les incidents récents survenus à l’aéroport international de Miami. L’occasion pour lui de réitérer ses accusations contre le Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK), qu’il désigne comme le principal responsable de la crise multidimensionnelle qui déchire le pays.
D’entrée de jeu, Pierre Espérance a évoqué le dossier du Conseil Présidentiel de Transition, qu’il considère comme un symbole d’une gouvernance défaillante et marquée par l’impunité. Il a également dénoncé le comportement de certains groupes armés qui, après avoir semé la terreur, réclament aujourd’hui un retour dans leurs quartiers sans aucune condition.
« Les gangs demandent à la population de rentrer chez elle, mais dans les faits, ils continuent de l’assujettir. Tant que l’État n’affirmera pas son autorité et n’assurera pas la sécurité, la situation restera intenable », a-t-il insisté.
Un large pan de l’entretien a été consacré à l’incident du 23 août dernier à l’aéroport international de Miami. Espérance affirme avoir été pris à partie par un groupe de quatre personnes qui l’accusaient, lui et le militant Rudy Sanon, d’être responsables de l’effondrement du pays.
Alors que Sanon rappelait ses engagements en faveur de l’État de droit et sa lutte contre la corruption, l’échange s’est envenimé. « J’ai simplement indiqué que si Rudy refusait d’être photographié, il fallait respecter sa volonté. C’est alors que l’un des individus m’a brusqué », a expliqué Espérance.
Relayé sur les réseaux sociaux, l’incident a été grossi par certains internautes qui ont évoqué une tentative d’agression ciblée. « Il n’a jamais été question de menace de mort. C’est une manipulation de l’événement », a-t-il rectifié.
Un autre épisode a retenu son attention : toujours à Miami, un homme politique haïtien a été interpellé et provoqué par un partisan du PHTK alors qu’il s’apprêtait à embarquer sur un vol de la compagnie Sunrise Airways à destination du Cap-Haïtien. L’incident a nécessité l’intervention des forces de l’ordre et entraîné un renforcement immédiat de la sécurité pour les passagers haïtiens.
« J’ai remis aux autorités américaines et à un avocat au Canada les noms et les photos des provocateurs. Une enquête est en cours. Il est inimaginable que de tels actes restent sans suite », a souligné le directeur du RNDDH.
Sans ambiguïté, Pierre Espérance a qualifié le Parti Haïtien Tèt Kale de « virus » ayant contaminé l’ensemble de la société haïtienne. Il accuse cette formation d’avoir dilapidé les ressources publiques, notamment les fonds PetroCaribe, et d’avoir établi des alliances directes avec des gangs armés.
« Le PHTK continue de bénéficier de privilèges indus alors même qu’il est au cœur du système d’insécurité et de corruption. Aujourd’hui, il tente de se défausser en rejetant ses responsabilités sur ceux qui luttent pour un État de droit », a-t-il dénoncé.
Pour Espérance, cette situation est aggravée par un déficit d’éducation civique et politique. « Une partie de la population confond ceux qui détiennent le pouvoir et pactisent avec les gangs, et ceux qui, au contraire, dénoncent ces pratiques. Cette confusion est savamment entretenue », a-t-il regretté.
Au-delà des querelles politiques, le militant a dressé un constat alarmant de la situation au Cap-Haïtien. Il a dénoncé la saleté chronique qui gangrène la ville, ainsi que les graves défaillances des services publics.
« La population est abandonnée à elle-même. Pendant que les autorités s’enrichissent, les habitants vivent dans des conditions indignes », a-t-il souligné, pointant également le manque de professionnalisme de certaines compagnies, dont Sunrise Airways. Il a comparé les services rendus en Haïti à ceux d’autres pays latino-américains, jugés bien supérieurs.
En conclusion, Pierre Espérance a invité les Haïtiens à refuser toute forme de résignation. S’il écarte tout recours à la violence, il appelle à une mobilisation pacifique pour réclamer justice et transparence.
« Le peuple ne doit pas accepter de vivre dans l’avilissement. Nous avons des droits, et il est temps de les faire respecter. Ceux qui pillent les ressources publiques doivent être tenus responsables. Tant que cela ne sera pas le cas, nous resterons prisonniers d’un système qui nie notre dignité », a-t-il martelé.
La rédaction
