Bois Caïman, 234 ans après : leaders dénoncent l’ingérence américaine et lancent un appel à la mobilisation nationale
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Bois Caïman, 234 ans après : leaders dénoncent l’ingérence américaine et lancent un appel à la mobilisation nationale
Delmas, 12 août 2025.- Dans la commune de Delmas, une conférence de presse autour de la Cérémonie du Bois Caïman a pris des allures de tribune politique enflammée. Les intervenants, figures militantes et voix engagées, ont rappelé la portée historique du 14 août 1791, tout en dressant un constat sévère de la crise que traverse Haïti et en appelant à une mobilisation nationale contre ce qu’ils qualifient d’ingérence américaine persistante.
Un rappel historique au goût amer
Ouvrant la rencontre, Bolivar Jean Anderson a replacé le Bois Caïman dans son contexte :
« Le 14 août 1791, une cérémonie fondatrice s’est tenue à Bois Caïman, véritable berceau de notre indépendance. Mais 234 ans plus tard, cette mémoire est effacée, dénaturée par la classe politique, par la communauté internationale, et même par certains intellectuels et acteurs économiques. »
Pour lui, le décalage entre l’héritage de Boukman et Makandal et la situation actuelle du pays est abyssal :
« Nous faisons face à une crise humanitaire, à l’insécurité, mais aussi à une ingérence étrangère inacceptable. Qu’un chef de la police haïtienne soit adoubé par des autorités américaines est une humiliation. Haïti est souveraine et indépendante depuis plus de deux siècles, et il est temps de dire aux États-Unis : assez ! »
La colère des quartiers défavorisés
Prenant la parole, Ésaïe Beauchard a adopté un ton plus frontal encore, se posant en porte-voix des oubliés :
« Nous sommes la matrice des masses populaires, des laissés-pour-compte, des habitants des provinces et des ghettos. Le 14 août est un symbole que l’ingérence américaine vient piétiner chaque jour. Nos ancêtres n’ont pas combattu pour qu’Haïti devienne un protectorat déguisé. »
Beauchard a dénoncé ce qu’il qualifie de collusion entre certains acteurs politiques et étrangers :
« Les criminels et profiteurs qui tiennent le pays en otage doivent être démasqués. Nous saluons la volonté de Vladimir Paraison d’assurer un minimum de sécurité, mais ses détracteurs veulent assassiner son caractère pour mieux plonger le pays dans le chaos. »
Les organisateurs de la rencontre ont annoncé le lancement d’un calendrier de mobilisation à travers tout le territoire. L’objectif : réveiller l’esprit d’unité et de souveraineté. Beauchard l’a résumé ainsi :
« Nous n’acceptons ni prolongation de mandats illégitimes, ni amendements constitutionnels opportunistes. Nous appelons à occuper pacifiquement les rues, à faire entendre nos voix dans chaque département, car Haïti a droit à la dignité, à la sécurité et à l’autodétermination. »
Dans le même esprit, Ésaïe Beauchard a publiquement exprimé son appui à Vladimir Paraison directeur général de la PNH. Selon lui, le nouveau Directeur général de la Police nationale est « un policier de carrière, compétent et capable de mater l’insécurité qui prévaut dans le pays ». L’organisation appelle la population à collaborer avec lui afin d’obtenir des résultats concrets face à la violence des gangs.
Dans ce sens, ce dernier a fustigé « les détracteurs du nouveau commandant en chef », accusés de miner ses efforts avant même qu’ils ne portent leurs fruits.
En toile de fond, la conférence a été marquée par un leitmotiv : la nécessité de redéfinir les relations diplomatiques avec Washington. Les deux intervenants ont rappelé que la souveraineté d’Haïti n’était pas négociable et qu’aucune solution à la crise actuelle ne pourrait venir d’une tutelle étrangère.
En conclusion, Bolivar Jean Anderson a lancé une formule qui résume l’état d’esprit des participants :
« Le Bois Caïman, ce n’est pas seulement une page d’histoire, c’est un héritage vivant. Et cet héritage, nous ne le laisserons pas mourir entre les mains de ceux qui voudraient en effacer le sens. »
La rédaction.
