L’état d’urgence : une routine dangereuse, un pouvoir sans résultats
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L’état d’urgence : une routine dangereuse, un pouvoir sans résultats
Éditorial – Par la rédaction de RÉALITÉ INFO
Un nouvel état d’urgence est décrété, d’une durée de trois mois, dans le but de tenter de maîtriser une insécurité devenue incontrôlable, ainsi qu’une crise alimentaire qui frappe durement les foyers haïtiens. Ce mercredi, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et le Gouvernement ont annoncé avec gravité cette mesure exceptionnelle, destinée à renforcer les capacités d’action des forces de l’ordre et à amorcer une réponse à la détresse agricole du pays.
Qui peut encore croire à l’efficacité de ces déclarations d’état d’urgence récurrentes ? Ce n’est pas la première fois que l’on invoque la carte de l’état d’exception. À chaque occasion, la réalité s’impose avec une brutalité incontestable : les gangs continuent de se renforcer, les citoyens cherchent à fuir, et l’État semble reculer.
Depuis plusieurs années, les gouvernements, sans exception, adoptent une approche réactive qui se révèle insuffisante en matière de prévention et dépourvue de vision stratégique. Les états d’urgence se sont transformés en palliatifs institutionnels, permettant de dissimuler l’inaction derrière des mesures symboliques. Ils servent à donner une apparence d’autorité, tandis qu’en réalité, celle-ci est affaiblie.
Actuellement, Port-au-Prince se trouve dans une situation d’encerclement. De nombreuses villes sont désormais placées sous l’influence des gangs. Les routes sont devenues impraticables. Les agriculteurs désertent leurs terres en raison d’un manque de sécurité et de soutien. Quelles sont les actions entreprises par les autorités ? Elles multiplient les décrets, les déclarations et les promesses. Cependant, sur le terrain, la peur demeure le principal acteur.
De surcroît, cette répétition des états d’urgence sape les fondements de la démocratie, banalise l’exceptionnel et prépare la population à vivre sous un régime d’alerte constant, sans résultats tangibles. En effet, quelle est l’utilité de mesures extraordinaires lorsque l’ordinaire est déjà en péril ?
Ce pays n’a pas besoin d’un état d’urgence, mais d’un État à part entière. Il requiert un gouvernement capable d’anticiper, de reconstruire et de protéger. Il est essentiel de dépasser les réflexes défensifs et de proposer une vision claire. Il est temps de mettre un terme aux solutions temporaires face à des problèmes profonds. Il est également nécessaire de passer des discours aux actions concrètes.
Haïti mérite mieux que cela. Elle mérite des décisions audacieuses, et non des répétitions essoufflantes. Elle mérite une action concrète plutôt qu’une gestion permanente de la crise.
La rédaction.
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