Haïti : Izo Lucifer échappe de justesse à la mort lors d’une frappe de drone

Onze drones ont ciblé samedi plusieurs quartiers de Port-au-Prince, dont Village-de-Dieu et Martissant, lors d’une opération spectaculaire du Task Force gouvernemental dirigé par le Premier ministre. Le puissant chef de gang Izo Lucifer a survécu in extremis avant de prendre la fuite vers Grand-Ravin.

Port-au-Prince, 31 août 2025.- Le chef du gang de Village-de-Dieu, Izo Lucifer, a frôlé la mort samedi lors d’une frappe aérienne coordonnée par le Task Force spécial, une unité antiterroriste directement supervisée par le Premier ministre haïtien Alix Didier Fils Aimé. Selon des informations confirmées par plusieurs sources sécuritaires, onze drones ont été déployés dans les zones de Village-de-Dieu, Martissant 2A, 2B, Martissant 4 et Martissant 7, bastions clés des groupes armés.

Izo Lucifer se trouvait dans un véhicule blindé de niveau 11 lorsqu’un drone a frappé de plein fouet sa voiture. Miraculeusement indemne, il aurait immédiatement pris la fuite en direction de Grand-Ravin, territoire sous le contrôle d’autres chefs de gangs, dont Bougòy, Kilik et Ti Lapli. L’incident s’est produit à Martissant 2A, non loin de la base d’un chef de gang localement connu sous le nom de Dade, allié d’Izo.

Cette attaque, qui s’inscrit dans une stratégie de reconquête sécuritaire, marque un tournant. Le Premier ministre haïtien, en prenant la tête du Task Force, entend démontrer que l’État ne reste pas inerte face à la domination des gangs armés qui contrôlent plus de 80 % de Port-au-Prince, selon les Nations unies.

Les frappes de drones, symbole d’une montée en puissance technologique, traduisent la volonté du gouvernement de moderniser ses moyens d’action, avec l’appui de partenaires internationaux. La Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS), conduite par le Kenya et soutenue par les États-Unis, le Canada et la CARICOM, est en effet engagée dans ce combat aux côtés des forces haïtiennes.

L’échec de l’opération à éliminer Izo Lucifer ne manquera pas de susciter des interrogations parmi les alliés d’Haïti. Washington, l’ONU et les membres de la CARICOM suivent de près la situation, conscients que la stabilisation de Port-au-Prince est une condition essentielle pour le retour de la paix et le redressement économique du pays.

Pour les habitants des quartiers visés, la réalité demeure tragique : combats intenses, déplacements forcés et insécurité permanente. Mais ce raid aérien, aussi spectaculaire qu’inédit, pourrait annoncer une intensification des opérations conjointes entre le gouvernement haïtien et ses partenaires étrangers.

Si Izo Lucifer a échappé à la mort, le message politique est clair : le gouvernement haïtien entend frapper au cœur des bastions criminels. Mais alors que les gangs restent profondément enracinés dans le tissu social et économique de la capitale, la bataille de Port-au-Prince s’annonce encore longue, complexe et sanglante.

La rédaction.