CNE : 11 mois sans salaire, les employés crient leur ras-le-bol devant le MTPTC
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CNE : 11 mois sans salaire, les employés crient leur ras-le-bol devant le MTPTC
Port-au-Prince, 10 juillet 2025.- Sous un soleil accablant et une tension palpable, les employés du Centre National des Équipements (CNE), regroupés au sein du Syndicat des Employés du CNE (SECNE), ont organisé ce jeudi matin une conférence de presse devant les locaux du Ministère des Travaux Publics, Transports et Communication (MTPTC) à Delmas 33. Leur objectif est clair : réclamer le paiement des onze mois d’arriérés de salaire et exiger l’application immédiate d’un décret pris en Conseil des ministres en septembre 2024 sous le gouvernement de Garry Conille.
« Nous sommes venus aujourd’hui pour rappeler à l’État haïtien ses obligations envers des centaines de travailleurs laissés pour compte depuis presque un an », a déclaré avec fermeté Wildrick Séjour, président du SECNE, en prenant la parole devant un parterre de journalistes nationaux et internationaux.
Le MTPTC, ministère de tutelle du CNE, est directement interpellé dans cette mobilisation. Les syndicalistes demandent au ministre en fonction de « jouer pleinement son rôle », en assurant non seulement la défense des droits des employés, mais aussi la transparence dans la gestion des fonds publics. « Où est passé le budget du CNE ? Ce budget aurait dû être transféré au MTPTC. Pourquoi les employés ne sont-ils toujours pas payés ? », s’est indigné M. Séjour, évoquant de possibles détournements ou négligences administratives.
Selon lui, les employés du CNE, pourtant essentiels à la réalisation de travaux d’infrastructure à travers le pays, font face à une situation financière intenable. « Comment peut-on exiger de nous un rendement professionnel quand nos familles sont affamées, quand nous n’avons plus accès aux soins de santé, ni aux services de base ? » a-t-il lancé, visiblement ému mais déterminé.
Le syndicat pointe également du doigt l’inapplication du décret pris en septembre 2024 par le gouvernement de transition dirigé à l’époque par Garry Conille. Ce texte prévoyait le transfert progressif du personnel du CNE vers d’autres institutions étatiques, dans une logique de rationalisation et de protection des emplois. Mais près de dix mois plus tard, ce décret reste lettre morte.
« Ce décret était une avancée majeure. Il devait offrir une sécurité d’emploi à nos membres dans un contexte de restructuration. Aujourd’hui, nous réclamons non seulement nos salaires, mais aussi le respect d’un engagement formel de l’État », a poursuivi M. Séjour.
Le SECNE appelle les autorités à ouvrir sans délai une table de dialogue, faute de quoi il envisage d’intensifier ses mobilisations dans les jours à venir. Les syndicalistes se disent également ouverts à une médiation institutionnelle, mais insistent sur la nécessité d’actions concrètes et urgentes.
En attendant, les employés du CNE restent mobilisés. Leur présence ce matin devant le MTPTC n’était qu’un premier signal d’alerte. Un signal fort adressé à un gouvernement de facto souvent critiqué pour son inertie administrative et son éloignement des réalités sociales.
« Nous ne demandons pas l’impossible. Nous demandons simplement justice, dignité et respect », a conclu Wildrick Séjour, sous les applaudissements des travailleurs rassemblés.
La rédaction.