Sunrise Airways veut museler Satellite509 : la compagnie adresse une lettre d’intimidation à son rédacteur en chef Djovany Michel
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Sunrise Airways veut museler Satellite509 : la compagnie adresse une lettre d’intimidation à son rédacteur en chef Djovany Michel
Port-au-Prince, 24 octobre 2025.- Une nouvelle tentative de pression sur la presse indépendante haïtienne suscite l’indignation dans le milieu médiatique. Le journaliste Djovany Michel, rédacteur en chef du média en ligne Satellite509, a reçu une lettre d’avocat émanant du cabinet Lafortune & Associés, représentant les intérêts de Sunrise Airways S.A. et de son président du Conseil d’administration, Philippe Bayard.
Dans cette correspondance datée du 24 octobre 2025, l’avocat Me Max Standley Lafortune exige du journaliste la rétractation immédiate d’un article publié le 25 août sur Satellite509. Le texte incriminé, intitulé « Philippe Bayard fait partie d’une oligarchie en Haïti et se cache derrière l’attaque armée de l’aéroport de Port-au-Prince pour imposer son monopole sur le marché aérien », mettait en cause les liens présumés entre le dirigeant de Sunrise Airways et des groupes armés opérant autour de l’aéroport Toussaint Louverture.
L’avocat reproche à Djovany Michel d’avoir écrit que « l’oligarque Philippe Bayard s’impose avec sa compagnie Sunrise Airways en utilisant les gangs armés pour attaquer l’aéroport (…) jusqu’à la suspension des vols », des accusations qualifiées par Sunrise de « mensonges » et de « mauvaise foi ». La lettre affirme que ces déclarations viseraient à « ternir l’image et la réputation » de la compagnie.
Sunrise Airways exige du journaliste une lettre d’excuse publique dans un délai de trois jours, faute de quoi l’entreprise menace de « sévir avec la dernière rigueur » par voie judiciaire.
Pour de nombreux observateurs, cette démarche rappelle les stratégies souvent utilisées pour museler la presse haïtienne, déjà fragilisée par l’insécurité, le climat politique instable et le manque de protection institutionnelle.
Le ton de la lettre, ferme et accusateur, s’inscrit dans un contexte où plusieurs journalistes sont régulièrement la cible de menaces ou de pressions lorsqu’ils abordent des sujets sensibles tels que l’économie, les élites ou les groupes armés.
La tentative de Sunrise Airways de contraindre Satellite509 à se rétracter pose une question fondamentale : celle de la capacité des médias haïtiens à enquêter librement sur les dynamiques de pouvoir et les responsabilités dans la crise sécuritaire qui paralyse le pays.
À l’heure où l’espace aérien, la mobilité et les infrastructures stratégiques sont au cœur de tensions majeures, toute tentative de réduire au silence une voix journalistique soulève un enjeu démocratique majeur.
Djovany Michel n’a pas encore rendu publique sa réponse. Quant à Sunrise Airways, la compagnie n’a pas émis de déclaration officielle en dehors de cette lettre transmise par son avocat.
Dans un pays où l’information se heurte trop souvent au silence forcé, l’affaire pourrait bien devenir un symbole de la lutte pour la liberté de la presse.
La rédaction.
