À quoi sert l’état d’urgence décrété par le gouvernement, alors que les gangs gagnent toujours plus de terrain ?
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À quoi sert l’état d’urgence décrété par le gouvernement, alors que les gangs gagnent toujours plus de terrain ?
Port-au-Prince, 10 août 2025 – Alors que le gouvernement haïtien a décrété, vendredi 8 août, un état d’urgence pour trois mois dans les départements de l’Ouest, de l’Artibonite et du Centre, la question cruciale demeure : à quoi sert réellement cette mesure ?
Officiellement présentée comme une mobilisation générale des ressources étatiques pour restaurer la sécurité et répondre à la crise agricole et alimentaire, cette décision arrive alors que les gangs armés continuent d’étendre leur emprise sur le pays. Selon plusieurs sources, près de 90 % du département de l’ouest serait désormais sous contrôle de ces groupes criminels.
Cet état d’urgence, censé offrir aux autorités les moyens nécessaires pour agir rapidement, ressemble pour beaucoup à une nouvelle promesse creuse. Les gangs poursuivent leurs opérations en toute impunité, imposant leur loi, verrouillant des quartiers entiers, et paralysant les activités économiques.
Au-delà du communiqué officiel, il est clair que cette mesure ressemble davantage à un effet d’annonce qu’à une réelle stratégie de sortie de crise. Sans une volonté politique affirmée, un plan cohérent, et surtout des moyens logistiques et humains adaptés, l’état d’urgence risque de n’être qu’un simple rideau de fumée.
Les citoyens, eux, subissent les conséquences dramatiques de cette violence qui s’étend : peur constante, difficultés d’accès aux services, baisse de la production agricole, et paupérisation accrue. Leur patience s’épuise face à un État incapable d’assurer sa mission première : protéger ses citoyens.
Le gouvernement doit agir, sinon…
Si l’état d’urgence ne se traduit pas rapidement par des résultats concrets sur le terrain, c’est tout l’édifice étatique qui sera remis en cause. La sécurité ne peut rester un simple slogan, sinon Haïti continuera à sombrer, laissant la place à l’anarchie et au contrôle des gangs.
À quoi sert donc cet état d’urgence, si ce n’est à masquer une profonde impuissance ? Le peuple haïtien mérite des réponses et surtout des actions concrètes.
Gesner Jean Marie, rédacteur en chef, juriste.